PROJECTION DU DERNIER COURT MÉTRAGE DE YASMINE CHOUIKH
Le désert revisité par la légende des Djins
Le cinéma algérien peut s’enorgueillir de posséder une telle jeune réalisatrice qui promet.
Dur, dur, pour Yasmine de s´affirmer comme réalisatrice quand on est la fille du premier couple de cinéastes algériens: Mohamed et Yamina Chouikh. La présentation de son second court métrage Djins aux soirées culturelles d´Algérie News, n´était pas de tout repos, il fallait confirmer son talent et surtout la réputation du nom qu´elle porte.
L´attente fut grande car ce court métrage qui a été présenté au Short Film de Cannes en 2010, était avant tout une oeuvre de curiosité pour les nombreux fans du court métrage et du cinéma qui étaient présents ce soir-là. Ainsi après son premier court métrage El Bab, son nouveau court métrage Djins, qui avait reçu le Prix du meilleur scénario au concours national organisé par «A nous les écrans», a été financé par le Fdatic et tourné sur l´Arche du désert de Taghit, où se situe un décor paradisiaque pour une histoire fantastique.
Biographie |
Née en 1982 en Algérie, Yasmine Chouikh a commencé à marcher sur les plateaux de cinéma. |
L´histoire de Djins, se déroule dans un petit village du Sud algérien, une communauté vit au travers des traditions et des légendes. L´une de ses légendes raconte qu´un homme ne pouvant avoir de progéniture fit un pacte avec le maître des djins, celui-ci l´aida à enfanter à condition qu´à sa puberté l´enfant revienne au monde des djins. Quelques années plus tard, l´homme refusa de livrer sa fille au jeune djin venu la chercher. Fou de colère, le djin jura que si dans les six jours on ne lui rendait pas la fille, il posséderait toutes les femmes du village. Depuis ce temps-là, chaque fille de la tribu devenant pubère a six jours pour prouver qu´elle n´est pas la proie du djin. Le jour de sa puberté, Amber subit la même initiation que ses aïeules, une initiation rythmée par des rituels immuables. Mais sa rencontre avec Amel, une jeune fille libre et en marge de la société, va bouleverser l´ordre des choses. Une belle histoire qui n´a pas été malheureusement bien transmise par le langage cinématographique. Yasmine Chouikh qui a maîtrisé la mise en scène, a péché cette fois dans une thématique trop complexe.
Belkacem Hadjadj, présent à cette projection, a reproché à la jeune réalisatrice qu´il apprécie, l´absence du cinéma dans cette oeuvre visuellement poétique. Un sujet trop fort pour être résumé dans un court métrage, rappelle un intervenant. Mais les belles images du Grand Sud, le jeu de certains comédiens à l´image de Kadidja Makaoum et Fatima-Zohra Meghfour ou encore la musique envoûtante signé Djmaoui Africa, ont sauvé cette oeuvre artistique complexe, mais importante dans la filmographie du court métrage algérien. Consciente de l´énorme responsabilité de son oeuvre et du nom qu´elle porte, Yasmine Chouikh a fait du court métrage une école pour s´affirmer en tant que réalisatrice indépendante à part entière. Elle n´est pas pressée et ne s´enorgueillit jamais. Elle demeure l´une des valeurs sûres du cinéma algérien pour les années à venir.