Les colères et les passions

La générale de la pièce théâtrale Nous reviendrons un jour chez nous, dernière production de la coopérative oranaise Rifak El Masrah, a été présentée dimanche soir au Théâtre national algérien (TNA).
Le public a ainsi partagé, pendant une heure et quart, les souffrances du peuple palestinien, et ce, à travers une famille composée du père (cordonnier), du fils (étudiant), et de la mère fière de son enfant, une famille qui rêve d´un avenir meilleur. En revanche, les notables de la ville Al Zoudjadj, qui sont incarnés par des marionnettes, mènent une vie somptueuse sans se soucier des amertumes de cette pauvre famille qui, en dépit des difficultés et de la répression, parviennent à dresser un tableau optimiste à la fin de la pièce.
Le conflit au Proche-Orient est un sujet polémique d´une actualité brûlante, suggérant le radicalisme et exaltant les sentiments. Les problématiques de l´émotion et de l´objectivité se posent à travers le passage de l´écriture vers le théâtre. Comment traiter une histoire aussi douloureuse sans soulever les colères et les passions? Eléments de réponse avec l´ensemble des comédiens de Rifak El Masrah, pour leur prise de conscience de la singularité de cette terre brûlée. «Nous avons voulu, en collaboration avec le groupe de travail et à leur tête le réalisateur Habib Medjahri, interpeller le monde arabe sur la cause palestinienne», a précisé l´assistant du réalisateur et président de la coopérative, M.Saïd Bouabdallah, lors d´une conférence de presse animée la matinée de la présentation de la pièce. «La libération de la Palestine est une mission sacrée et non un slogan vide de sens», a-t-il ajouté. De ce fait, le monde arabe devrait établir une atmosphère de confiance mutuelle. Mais cela nécessitera un effort préalable d´autocritique sincère et de courage. C´est une façon de traiter et de témoigner d´une situation et d´emmener le public sur les chemins d´une enquête pour raconter en toute objectivité la réalité des événements. Faire revivre des événements à partir des personnages qui ont existé, dont nous reconstituons la dimension réelle.
Cette forme de narration donne l´impression au public qu´il est vraiment dans les pages de l´histoire. Ce n´est pas un document uniquement fouillé dans les archives, mais une conviction de lutter contre l´injustice d´où qu´elle vienne. M.Bouabdallah a indiqué: «Cette oeuvre, dont la mise en scène a requis un mois et demi de travail, a été coécrite par Bou Ziane Ben Achour et Bachir Mansouri. Un panel de 11 artistes d´Oran et de Sid Bel Abbès ayant déjà fait leurs preuves sur scène interprètent cette pièce.» L´assistant du réalisateur a saisi cette occasion pour souligner la nécessité de donner aux jeunes l´occasion d´exhiber leur talent sur scène dans le but de garantir la pérennité du quatrième art, lequel joue un rôle important en matière de sensibilisation du public quant aux différentes questions d´actualité.