CLÔTURE DES NUITS DE LA CORRESPONDANCE
Un amour de lettres
Qui a dit qu’on ne savait pas écrire, ni manier la langue de Molière?<BR> C’est l’amour, ce sentiment ô combien fort et sublime qui guidera les plumes faisant naître les plus belles lettres du monde...
Organisé par le CCF en partenariat avec le Bastion 23, la bibliothèque urbaine de Mohammadia et l´Oref, ce festival dédié au genre épistolaire a pris fin vendredi à la salle Ibn Zeydoun, à l´issue duquel il a été procédé à la lecture des résultats de deux concours.
Celui de la meilleure lettre qui a vu couronner d´abord deux fillettes, Leïla et Meriem dont les lettres sont des déclarations d´amour à leurs parents, puis cinq «adultes», quatre hommes et une femme (les premiers s´exprimant en langue française, la dernière en arabe). Des textes qui nous ont laissés cois par tant d´émotion et de poésie, qui en découlaient parce que empreints d´un amour vrai et sincère.
L´autre concours a été organisé par la chaîne TV5 qui a récompensé 16 élèves du lycée de Bab Ezzouar et leur professeur Mme Oudni. «Il fallait lire et étudier un roman, L´enfant de sable de Tahar Ben Jelloun en l´occurrence, puis produire deux textes, un sur les impressions de lecture et un autre en adaptant à notre environnement un extrait de l´oeuvre. De ces trois thèmes développés par l´auteur ; la sexualité, la religion et la condition de la femme, ce fut ce dernier qui a été retenu par les élèves», souligne-t-elle. Sur 47 pays participant soit 250 classes de par le monde, ce lycée est arrivé à se classer en 8e position sur 15. La finale de ces Nuits fut ponctuée, en outre, par un concert de chaâbi, une qaâda algéroise à l´ancienne qui a ravivé les ambiances d´antan, suivie par la représentation d´un saisissant spectacle, animé par M´hamed Benguettaf, comédien, metteur en scène et cofondateur de la compagnie du Théâtre de La Citadelle et par Ahmed Benaïssa, comédien et également metteur en scène. Il dirige actuellement le Théâtre régional de Sidi Bel Abbes. Ces deux hommes ont mis en scène la genèse qui a précédé l´écriture du roman Inconnu à cette adresse de Krirsman Taylor. L´histoire remonte aux années 30 à l´époque du nazisme. 1932, Martin Schulse alias M. Benguettaf, un Allemand et Max Eisenstein, A. Benaïssa, un juif américain entretiennent des rapports plus qu´affectueux, fraternels que le régime hitlérien va fragiliser nettement. Ils sont marchands de tableaux en Californie, le premier rentre en Allemagne. C´est leur correspondance fictive entre 1932 et 1934 qui constitue ce petit livre inédit en France, écrit par une Américaine en 1938, et salué à l´époque aux Etats-Unis comme un chef-d´oeuvre. Assis devant un bureau sur lequel était placée une lampe à chevet qui n´a cessé d´être allumée, puis éteinte, nos deux comédiens mimaient à voix haute leur acte d´écriture, nous faisant partager leurs émotions, leurs chagrins d´apprendre de tristes nouvelles. Ils nous ont confié ainsi l´intime contenu de ces lettres envoyées à un ami très cher jusqu´au dénouement fatidique...
A côté de la salle étaient installées, de part et d´autre, des «chambres» d´écriture subtilement décorées par des jeunes étudiants des Beaux-Arts. Cela pour inciter le public à plus de créativité. Une idée fort originale qui a porté ses fruits tout au long de ce festival. A louer !