DOCUMENTAIRE DE MALEK SAHRAOUI
«Villa avec vue sur la situation culturelle algérienne»
Alors que la production audiovisuelle algérienne est à l’arrêt, une jeune et ambitieuse boîte de communications active et essaye, un tant soit peu, de remplir le vide culturel algérien.
Cette boîte c´est Artel, dirigée par un vieux routard de la caméra et qui a présenté lundi dernier à la salle Med Zinet à l´OREF sa dernière production Villa avec vue.
Bien sûr cette oeuvre n´a rien à voir avec Fenêtre sur cour, d´Alfred Hitchcock. C´est en fait un réquisitoire artistique contre les responsables de la culture en général et des personnes qui détiennent les clés des lieux de la culture plastique algérienne.
Le documentaire qui s´ouvre sur les images jaunes et blanches de la ville d´Alger, atterrit après coup sur une villa mauresque noyée dans la verdure et qui était autrefois le lieu de prédilection et de rencontres des artistes. Cette villa que les Français avaient baptisée la villa Médicis de l´Afrique et qui a accueilli depuis le début du siècle et ce, jusqu´à l´indépendance près d´une centaine d´artistes français, est, aujourd´hui, une villa en ruine rongée par l´oubli et envahie par la «verdure».
Après quelques tentatives de restauration, la villa Abdelatif, nom donné par un artiste, est à l´abandon, alors qu´elle est à quelques mètres du musée des Beaux-Arts, un autre lieu sacré de l´art pictural. Pourtant des hommes et des artistes essayent de sauver ce qui reste de cette villa, symbole suprême de l´expression artistique algérienne. Le réalisateur, qui n´est pas en panne d´idées, a réussi à reproduire les images du passé traditionnel avec les oeuvres colorées et feutrées du présent à travers des raccords réussis.
Autres images attirantes de ce documentaire de bonne facture, c´est l´introduction d´images d´archives de la Cinémathèque algérienne montrant des séquences en noir et blanc de la villa Abdelatif, fréquentée par les artistes orientalistes français. On verra également dans, ce film, des artistes seuls, mais déterminés à sauver leur art et leur passion. C´est le cas notamment de Nidal, un peintre amateur qui a été engagé comme jardinier pour sauvegarder ce havre de paix où harmonies et couleurs se marient en toute beauté.
D´autres artistes viendront, tour à tour, dénoncer ce laisser-aller des responsables et cette faillite de notre culture picturale. Rachid Djemaï, Ali Kerbouche, Bourdine et le vétéran de la miniature algérienne M.Bendebbah ainsi que le mouvement Essebaghine s´associent à cette démarche et défendent ce lieu de rencontres des artistes transformé par l´incompétence des responsables en lieu de débauche et en dépotoir.
En conclusion, on retiendra que le réalisateur a réussi à faire passer quelques messages «codés» sur la situation sécuritaire du pays et qui demeurent toujours liés de près ou de loin à la culture algérienne.