Ballet diplomatique

Alger a connu au cours de ces derniers jours, un véritable chassé-croisé de délégations diplomatiques de haut niveau. En une seule journée, trois hauts responsables et non des moindres se sont relayés au salon d´honneur de l´aéroport Houari-Boumediene. Il s´agit du secrétaire général de la Ligue arabe, du chef de la diplomatie espagnole et de l´ex-chef de gouvernement japonais. Un ballet diplomatique généré par la nouvelle donne politique en Algérie, après le scrutin du 8 avril dernier. Escale incontournable sur l´échiquier géostratégique, l´Algérie est toutefois confrontée, malgré sa volonté d´aller de l´avant dans la relance des sommets de l´Uma et de la Ligue arabe, à la «surdité» des pays membres qui conçoivent mal que l´initiative émane à chaque fois de ce même pays. La construction de l´UMA, sur cale depuis une dizaine d´années, est entravée par la sempiternelle rengaine du royaume chérifien, concernant le problème du Sahara occidental. Un dossier qui doit être résolu dans le cadre de l´ONU, notamment des accords de Houston que les parties impliquées dans le conflit ont approuvés. Sur le plan sécuritaire, l´Algérie qui, à l´époque du «qui tue qui?», était boudée par les capitales occidentales, verra au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, aux Etats-Unis, ses thèses, par rapport au caractère transnational du terrorisme, se vérifier. Ce qui lui a valu, tout récemment, la reconnaissance du département d´Etat américain, qui, dans son rapport 2003, l´a qualifiée de «leader actif et agressif dans le cadre de la lutte antiterroriste». Engagée dans la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, l´Algérie est aussi la première à avoir initié lors du 35e sommet de l´OUA, la création d´un organisme chargé de coordonner la lutte antiterroriste en Afrique. C´est aussi l´Algérie qui avait introduit une clause dans la charte de l´organisation panafricaine, en faveur de l´exclusion de tout pays, qui ferait du coup d´Etat un moyen d´accès au pouvoir. En avance sur ses voisins en matière de construction démocratique et de respect des droits de l´homme, l´Algérie avait accueilli, sans réserves, le projet du Grand Moyen-Orient qui vise à instaurer la démocratie et la bonne gouvernance dans les pays d´Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Sur le plan régional l´Algérie, qui s´apprête à adhérer à l´OMC, est, désormais, ouverte au marché et à l´investissement étranger, en dépit de la réticence de ses partenaires à s´y engager pleinement. La participation, aujourd´hui, de M.Abdelaziz Belkhadem à la réunion ministérielle de Dublin, regroupant les pays engagés dans le processus de Barcelone, pourrait redonner à la coopération entre les deux rives de la Méditerranée, un sens palpable.