L’appel du pied de l’UGTA
Les grèves répétitives, les raisons sont légion (salaire, logement, transport, conditions générales de travail..), la mal-vie, les conditions de plus en plus dures qui sont celles d´une large catégorie de citoyens, ont mis, ces dernières semaines le monde du travail, et pas seulement celui des enseignants du secondaire et universitaire, en ébullition pour réclamer mais en vain un alignement des salaires sur le coût de la vie. Tout le monde n´est sans doute pas expert en la matière, mais les pouvoirs publics, chiffres à l´appui, mettent en avant le danger que ferait courir à l´équilibre macroéconomique du pays une augmentation irréfléchie des salaires, arguant qu´une telle augmentation est en rapport direct avec la productivité. Allez dire cela à un ouvrier, un travailleur d´une manière générale qui s´éreinte au travail et qui, souvent, n´arrive pas à joindre les deux bouts. L´explication du rapport salaire-productivité vaut ce qu´elle vaut, mais il n´en reste pas moins qu´elle n´explique pas tout. Or, une sorte de controverse s´est déclarée, ces derniers jours, entre deux lectures, à tout le moins contradictoires, du discours qu´a fait le président Bouteflika, à l´occasion du 50e anniversaire de l´Ugta. A écouter les syndicalistes, M.Bouteflika n´est pas totalement opposé à une augmentation des traitements. Mais à entendre les décideurs...et les employeurs, c´est un tout autre discours auquel on a droit, comme quoi le président Bouteflika a, a contrario, conforté la position inflexible du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, sur la question, combien délicate, des salaires.
La problématique de l´augmentation des salaires, - dont les discussions ont été constamment ajournées au moment où le coût de la vie augmentait- trouvera-t-elle sa solution dans la tripartite qui se réunira prochainement? C´est du moins ce que veut croire la Centrale syndicale, Ugta, qui saisit au vol cette opportunité pour se remettre dans son cadre de lutte estimant que les instructions données par M. Bouteflika, le 23 février dernier, vont dans le sens de l´apaisement et d´une réelle prise en charge du problème salarial, et appelant à ce que la réunion se tienne dans les «plus brefs délais». Quelque peu éclipsée sur le plan des luttes sociales par les syndicats indépendants, la Centrale syndicale veut se remettre ainsi dans le coup se déclarant à «l´écoute des revendications pressantes» de la catégorie la plus démunie des travailleurs, pour ouvrir des contre-feux, en faisant de la tripartite le tremplin propre à la relancer, sinon, à la re-crédibiliser, parmi les travailleurs. Une manière comme une autre de sentir d´où vient le vent.