L'Expression

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Le Sphinx et... le chef d’orchestre

A coup sûr, Sharon réagit avec une étonnante promptitude à l´offre de paix du Sommet arabe de Beyrouth. Les humiliantes images diffusées in live de Palestine par la chaîne qatarie Al-Jazira, tout au long de la journée d´hier, sont, à elles seules, éloquentes sur l´immensité de l´erreur commise par les Arabes en choisissant de s´adresser au tristement notoire boucher de Sabra et jusqu´au-boutiste Sharon dans cette phase tumultueuse de la crise au Proche-Orient.
Le Premier ministre israélien a violé, sous le regard ébahi de la planète, une enceinte qui devrait être souveraine, celle de la présidence de l´Etat de Palestine, à Ramallah, où Arafat réside depuis quatre mois.
Alors que l´encre de l´offre de paix de l´émir saoudien, Abdallah, n´a pas fini de sécher, le spectre de la confrontation ressurgit dans le ciel chargé du Machrek arabe. Les assurances américaines, exprimées à l´égard de ce nouveau plan de paix, sont demeurées sans lendemain et la vie d´Arafat est sérieusement mise en péril. Il est à la merci des canons des blindés israéliens ayant investi son palais présidentiel.
Et il peut, à tout moment, être abattu par un soldat israélien zélé ou «mentalement dérangé»...
Que cherche Sharon en perpétrant ce nouveau coup de force contre les nouvelles propositions de paix arabes? Hormis son rejet clair, net et définitif du plan Abdallah, Sharon, qui a toujours reconnu avoir regretté de n´avoir pas éliminé physiquement Arafat, va procéder à l´arrestation de ce dernier ainsi que de tous les dirigeants palestiniens l´entourant.
Il s´agit de savoir simplement si Arafat et ses compagnons seront jugés par un tribunal israélien pour terrorisme ou mis dans un avion pour être expulsé hors des territoires occupés.
La tiédeur américaine face à ces derniers développements en Palestine, dénote bien qu´une solution de rechange se profile à l´horizon. La voici.
Washington est persuadé que le cabinet Sharon sera mis en minorité après cette passe d´armes avec les Arabes. Ses jours en tant que chef de la coalition gouvernementale sont comptés. Les travaillistes israéliens, sous la férule de Shimon Peres, préparent déjà, à la faveur de ces derniers événements, les élections générales anticipées qui leur assureront leur retour aux affaires. Mais les Américains, avouons-le, connaissent déjà le nom du Palestinien qui succédera à Yasser Arafat. Ils ont eu le temps nécessaire de préparer l´équipe qui devra le remplacer à la tête de la présidence de l´Etat de Palestine. Dans le scénario qu´ils ont mis au point, les Américains ont prévu toutes les étapes de changement qui interviendront au cours des prochains jours pour cette passation de pouvoir dans la planète Palestine, excepté peut-être l´idée que tant qu´Arafat est vivant, il demeurera à la fois le symbole et le maître de la Révolution palestinienne. C´est pourquoi, il a toutes les chances d´être éliminé politiquement. Mais aussi physiquement.
Il est clair que Sharon est déterminé à emporter dans sa chute Yasser Arafat pour laisser place à une nouvelle génération d´hommes, tant israéliens que palestiniens, ayant certainement des atomes crochus communs pour asseoir une pax americana préfigurant le nouvel ordre international que veut réaliser le président Bush.
Le Sommet de Beyrouth a été une immense tromperie. Il n´a pas révélé aux Arabes les énormes concessions sans retour faites à l´ennemi israélien, dont celle certainement de se débarrasser de l´«encombrant» Arafat pour bâtir une paix proche de la capitulation. L´interdiction de diffuser le discours d´Arafat au Sommet de Beyrouth constitue une preuve irréfutable de ce changement de cap qui se profile à l´horizon.
Les observateurs avertis auront remarqué que, pour la première fois depuis son accession au pouvoir, le Président Bouteflika n´a pas pris la parole dans une conférence internationale engageant l´avenir du monde arabe. Malgré les sollicitations pressantes du président du Sommet, Emile Lahoud, celles d´autres leaders ainsi que celles des journalistes de renom de la presse internationale pour obtenir une déclaration, Bouteflika est demeuré dans son mutisme. La sortie de l´Algérie était attendue, souhaitée par tous d´autant plus que l´interview, qu´il avait accordée, quelques jours auparavant, à la chaîne libanaise LBC, avait eu un impact certain tant auprès de l´opinion libanaise qu´arabe. L´expert Bouteflika n´a pas prononcé, dans cette enceinte du Sommet arabe, un seul mot. Il était la vedette politique et médiatique attendue. Il a fait une fausse sortie. Son silence est éloquent, car il exprime, peut-être, le trouble que provoquent en lui les changements annonciateurs des lendemains dans cette région turbulente du monde.
Un ministre arabe des Affaires étrangères salue Bouteflika et lui dit en aparté: «Monsieur le Président, nous attendons avec impatience votre intervention. Nous voulons un vrai chef d´orchestre.»
Bouteflika: «Mon cher ami, cela me gênerait énormément de jouer au chef d´orchestre quand la partition est mauvaise et que les violons sont mal accordés.»
La symphonie a ses exigences. Et en politique, ne vaut-il pas mieux conserver le silence, celui d´Abou El-Houl, le Sphinx?

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