Les partis hors saison
Quelqu´un sait-il où sont passés nos partis politiques? On aura beau chercher dans les permanences on ne trouvera pas grand monde. Le silence est sidéral. Les seuls moments de fébrilité sont ceux qui précèdent des élections. Puis, plus rien.
On a l´impression qu´ils n´ont plus d´avis à donner. Sur les réformes. Sur la relance économique. La vie se poursuit sans eux. Quelques chefs sont aperçus dans des cérémonies publiques. Cela fait plus obligations mondaines qu´activités partisanes. Faire partie de la jet-set semble être leur principal souci. A l´image des militants qui ne se font assidus que pour se placer.
A tout bien réfléchir, nos partis politiques ne sont que de vulgaires commerces. On y cherche des promotions de carrière. Ce qui explique le rush à l´approche de consultations. Qu´importe la couleur pourvu qu´il y ait le poste.
N´a-t-on pas vu des militants quitter précipitamment un parti qui a refusé de les inscrire sur sa liste? Ces «militants» passent sans état d´âme à un autre parti pour peu qu´il leur offre le «ticket de voyage».
Voilà à quoi est réduite notre vie politique. Chacun ne défend que son précarré. Farouchement. Avec opiniâtreté. L´Algérie peut attendre. L´amour du pays est certes clamé. Mais uniquement pour mieux «fourguer la marchandise». Une fois le marché aux voix fermé, tout le monde retourne chez lui.
Nous avons les hommes «politiques» que nous méritons. Si nous étions plus exigeants, nous aurions pu avoir mieux. De mémoire d´Algérien, pas une loi, pas un seul rapport, qu´il soit économique ou autre, n´a été le fait d´un homme politique. Le pluralisme apparent à l´APN n´a jamais dépassé les critiques superficielles. On sait aussi que les retransmissions télévisuelles des débats parlementaires sont pour beaucoup dans les interventions.
Pourtant cette situation n´est pas à imputer aux seuls partis ni à leurs candidats. Ils ne font que suivre la dynamique imprimée par le système. Un système qui a érigé la responsabilité en gratification. L´exemple le plus criant est le tiers-présidentiel au Sénat. Sans parler du poste d´ambassadeur. De la représentation commerciale à l´étranger. Et on en passe.
Autant de retraites dorées. Budgétivores, elles grèvent les ressources du pays. L´amour de l´Algérie se résume à ce châtiment.
Il ne faut pas, dès lors, demander aux partis politiques d´être «plus royalistes que le roi». Que leurs permanences soient aujourd´hui envahies par les toiles d´araignées n´a pas de quoi étonner.
Ainsi fonctionnent les fonds de commerce saisonniers. Ils hibernent hors saison.