L’inconnue Belkhadem
Après l´installation de l´APN et la validation des mandats des députés, il fallait consommer «la rupture» en annonçant la démission du gouvernement. Il faut maintenant confirmer cette même rupture en formant un nouveau gouvernement. La feuille de route a été respectée jusque-là, sauf qu´en n´annonçant pas le nom du futur chef de l´Exécutif, le schéma reste incomplet. Présente des failles. La grande inconnue est la suivante: Abdelaziz Belkhadem sera-t-il reconduit à la tête de l´Exécutif? Le FLN étant le premier parti de la chambre basse du Parlement, -sans détenir la majorité- c´est en son sein que, logiquement, le chef de l´Etat devrait puiser pour nommer un nouveau chef du gouvernement. Mais rien ne l´y oblige, si, dans l´esprit même des idées pour lesquelles a milité M.Belkhadem lui-même, le chef de l´Etat reste maître du jeu et refuse d´être l´otage des partis, d´autant plus que la trop forte abstention lui laisse les coudées franches.
L´aspiration au changement est réelle. Les thèmes qui étaient portés et défendus par les partis tout au long de la campagne des législatives étaient loin de refléter les préoccupations de la population. Et le président de la République a dû faire le même constat et le même diagnostic, d´autant plus qu´une élection sans enjeu, dans laquelle le jeu est fermé, et dont le résultat est connu d´avance, au profit de l´Alliance présidentielle, laissait peu de place à l´expression de la volonté populaire, d´où le choix qui a été fait par les électeurs de refuser de cautionner un tel système.
Dans ses confidences au directeur du Nouvel Observateur, Jean Daniel, le chef de l´Etat partageait la même appréciation. Les décisions qu´il va prendre, dans les jours, voire les heures qui suivent, iront certainement dans le sens consistant à secouer le cocotier.
Le fait que des ministres se soient présentés aux législatives, en quête de la bénédiction des électeurs, a montré ses limites. Le taux d´abstention est une sanction qui veut dire ce qu´il veut dire; un mécontentement général; dans ce cas, le chef de l´Etat reste le dernier recours pour apporter à l´Exécutif les modifications attendues pour permettre à l´Algérie d´aller de l´avant.
Le langage de la vérité aurait voulu que, dès l´annonce des résultats, M.Belkhadem vienne devant les électeurs dire: «Nous avons échoué». Il faut des changements. Faute de l´avoir fait, il laisse à d´autres le soin de le dire à sa place. Et de s´approprier le parler-vrai, qui est un gage de morale politique. Le président, qui a les atouts en main, va redistribuer les cartes, en ouvrant certainement le jeu.