L'Expression

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Lobbies et raison d’Etat

Le débat à l´assemblée nationale française sur la loi du 23 février 2005, notamment son article 4 qui prévoit la modification des programmes scolaires à l´effet d´y inclure la reconnaissance du rôle positif de la colonisation en particulier en Afrique du nord, a forcément quelque chose de théâtral. Nonobstant l´aspect dramatique de la colonisation, qui a entraîné des destructions irrémédiables pour les peuples colonisés à différents niveaux, et cela pendant 132 ans; pour ce qui est de l´Algérie, la polémique médiatique à laquelle on assiste suit une courbe dramaturgique qui est le signe que l´ancienne puissance coloniale n´arrive pas à se défaire de son passé, pour reconstruire une nouvelle page avec ses ex-colonies sur la base de rapports expurgés des relents de domination et d´exploitation. Et cela même, au moment où les deux pays (France et Algérie) s´apprêtent à signer un traité d´amitié qui devrait redéfinir leurs relations futures sur de nouvelles bases, n´excluant ni l´oubli ni la nécessité de demander pardon. Lobbying et raison d´ Etat se conjuguent pour faire de cette affaire, simple en apparence, quelque chose de compliqué et un noeud de vipères où le bon dieu ne reconnaitraît pas les siens. Comme l´écrit l´historien Claude Liauzau, initiateur d´une démarche qui vise à obtenir l´abrogation de l´article 4 de la loi, chaque lobby cherche à imposer son point de vue, en pratiquant diffamation, pression, voire lynchage médiatique. Il n´y a qu´à voir la manière avec laquelle les émeutes dans les banlieues ont été médiatisées et manipulées, alors même qu´il s´agit de jeunes Français mal dans leur peau et souffrant de l´ostracisme ambiant pour ce qui est de l´emploi et de la promotion sociale, pour voir qu´une certaine droite fait feu de tout bois pour envenimer les rapports entre l´Etat français et ses anciennes colonies, les problèmes domestiques prenant le pas sur les intérêts de la France en tant qu´Etat. Il n´y a qu´à voir la manière dont Douste-Blazy, qui avait fait campagne pour la loi du 23 février 2005 lorsqu´il était député, en vient aujourd´hui en tant que ministre des Affaires étrangères, à proposer la mise sur pied d´une commission mixte composée d´historiens à l´effet de déblayer le terrain à une relecture de la colonisation.
Soutenue par les historiens, la société civile et les professeurs d´histoire, la proposition de l´abrogation de cette loi jugée scélérate a aujourd´hui l´appui des députés socialistes, et cela est un autre aspect de la théâtralité liée à cette affaire, où l´ironie du sort le dispute aux avanies du cheminement de l´histoire et de l´actualité. Si Jacques Chirac se retrouve aujourd´hui seul au milieu de la tempête médiatique suscitée par cette loi, c´est bien parce que le gaullisme est en passe de devenir l´orphelin de la République française. Mais ça c´est une autre ... histoire.

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