Seul l’intérêt compte

L´Algérie n´est pas à l´abri d´une invasion acridienne d´une gravité sans précédent. Des essaims de criquets, apparus dans les pays du Sahel, n´ont pu être éradiqués par les équipes chargées de la lutte antiacridienne, tant le fléau a pris des proportions qui dépassent de loin les moyens mis en oeuvre par les pays touchés par cette invasion.
L´on peut considérer que la première bataille de la guerre contre le criquet pèlerin est quasiment perdue et il va falloir déployer plus d´efforts à l´intérieur de nos frontières pour combattre ces insectes qui seront aux portes de l´Algérie dans le courant du mois d´octobre prochain. Pourtant, l´alerte a été donnée assez tôt à partir d´Alger où plusieurs ministres de l´Agriculture des pays concernés par la lutte antiacridienne ont pris la mesure du danger de famine qui guette des millions d´individus en Afrique centrale et au Sahel.
Les gouvernements, à l´origine de «l´appel d´Alger», pensaient avoir fait l´essentiel, à savoir alerter la communauté internationale sur les risques d´une catastrophe humanitaire majeure.
Le reste n´aurait dû être qu´une affaire de gestion du phénomène pour en réduire au maximum les effets néfastes sur la collectivité africaine. D´autant plus que ces mêmes gouvernements avaient estimé l´aide internationale à quelque 80 millions de dollars seulement, alors que la FAO l´évalue à 100 millions de dollars. L´effort financier à consentir est tellement minime qu´il n´est venu à personne l´idée que les pays riches se détournent de «l´appel d´Alger».
C´est ce qui s´est malheureusement produit. Les nations riches, pour qui 100 millions constituent une goutte d´eau dans l´océan, ont fait la sourde oreille, laissant l´Afrique seule face à une infestation d´une importance jamais enregistrée par le passé. Les appels lancés par la FAO, l´Union africaine et les pays concernés par l´invasion sont restés lettre morte.
Au jour d´aujourd´hui, aucun sou n´est venu réconforter ces Africains qui ont été bercés, pendant longtemps, par le discours mielleux de la coopération Nord-Sud.
Au vu du je-m´en-foutisme des grands de ce monde quant au sort des populations africaines, l´on est en droit de mettre en doute les nobles objectifs assignés au Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad) que les pays du G8 disent soutenir.
Tout porte à penser que c´est une autre supercherie de l´Occident qui semble prendre plaisir à voir des Africains crever de faim pour venir, en sauveur de l´humanité, offrir quelques sacs de semoule à des enfants sous-alimentés.
Tout compte fait, les pays africains, dont l´Algérie, auront appris que les Occidentaux se fichent pas mal de l´humanité. Seul l´intérêt compte.