Un nouveau challenge
Clean, Ahmed Ouyahia. Il est parti comme il était arrivé. Le doigt sur la couture du pantalon. Ce n´est pas lui qui suscitera la moindre vague, ni le moindre remous. En service commandé. Le communiqué de la présidence en fait foi, qui rend hommage à son action. Et à sa sortie du palais d´El Mouradia, Ahmed Ouyahia reste fidèle à son image: «J´ai exprimé au Président de la République mon soutien total pour la politique qu´il a imprimée, notamment au sujet de la réconciliation nationale, du renforcement de la sécurité et de l´édification économique». Tout l´homme est là, dans ce court extrait.
Son successeur à la tête de l´Exécutif, à savoir Abdelaziz Belkhadem, n´est pas un inconnu. Il y arrive à mi-chemin du deuxième mandat présidentiel. C´est un homme persévérant, tenace, secret, qui a plusieurs étapes dans sa carrière, déjà très riche. Il a même fait une traversée du désert, alors que la Constitution faisait de lui le président de la République par intérim, à la suite de la démission du président Chadli Bendjedid. Mais les circonstances en ont décidé autrement.
Ce que l´on peut dire néanmoins de lui, c´est que c´est à la tête de la diplomatie algérienne qu´il aura fait en fin de compte l´essentiel de sa carrière : réformer la Ligue arabe, mener à leur terme les négociations pour la signature de l´accord d´association avec l´Union européenne, et il en fallait de la ténacité pour aboutir à un tel résultat, après l´isolement de l´Algérie tout au long des années 90.
L´autre partie de sa carrière politique, il l´aura faite à la tête du parti du FLN, dont il a d´abord été le chef des redresseurs. Et c´est à ce niveau, qu´en tant que membre de l´Alliance présidentielle, il aura milité pour faire avancer, puis mûrir et enfin aboutir l´idée de la réconciliation nationale, avant d´enfourcher un autre cheval de bataille, celui de la révision de la Constitution.
Maintenant beaucoup de gens attendent Abdelaziz Belkhadem sur de nombreux dossiers chauds: celui de l´augmentation des salaires pour faire profiter les travailleurs du confortable matelas financier que l´Etat a engrangé grâce aux hydrocarbures, celui des réformes bancaires, celui du plan de consolidation de la croissance ; ou bien celui des négociations pour l´adhésion à l´OMC.
Globalement, on peut dire que le terrain est balisé: les caisses de l´Etat sont pleines, l´Algérie a retrouvé sa place sur la scène internationale, il s´agit maintenant de trouver un bon manager pour piloter tout ça, tout en maintenant le cap sur la nécessité de construire une Algérie moderne.
Car la question est bien là: celui que l´on qualifie de «barbéfélène» saura-t-il démentir ses détracteurs, et accompagner l´Algérie pour l´aider à entrer de plain-pied dans le XXIe siècle? C´est le pari de Abdelaziz Belkhadem.