SOUDAN
Accord pour régler la question d’Abyei
Cette «feuille de route» était la preuve que le peuple du Soudan était capable de résoudre ses propres problèmes, affirme le président soudanais.
Le gouvernement du Soudan et les ex-rebelles sudistes ont signé un accord en vue de régler la question d´Abyei, une région pétrolifère disputée, qui a récemment été le théâtre de violences. Le président Omar el-Béchir et le premier vice-président Salva Kiir, le leader du Sud-Soudan, ont signé dimanche une «feuille de route» pour la paix à Abyei, a indiqué l´agence soudanaise Suna, alors que les combats sanglants en mai avaient fait craindre une nouvelle guerre civile. En plus d´autoriser le retour chez eux des dizaines de milliers de personnes déplacées par les violences du mois dernier, l´accord met en place une administration intérimaire et demande un arbitrage international pour résoudre le conflit. Les Unités intégrées mixtes, composées de troupes du Nord et du Sud, doivent être déployées dans la zone dans les 10 jours, rapporte pour sa part le quotidien Sudan Tribune. M.Béchir «a ordonné au gouvernement d´union nationale d´accroître ses efforts pour mettre fin aux souffrances des citoyens dans la zone d´Abyei», a ajouté l´agence Suna, précisant qu´une conférence de réconciliation se tiendrait pour les habitants d´Abyei. Le président soudanais a affirmé que cette «feuille de route» était la preuve que le peuple du Soudan était capable de résoudre ses propres problèmes, selon Suna. M.Kiir a, pour sa part, estimé que l´accord «permettrait de bénéficier des recettes pétrolières (...) et d´améliorer la coexistence», d´après l´agence. Les recettes pétrolières provenant d´Abyei, frontalière entre le Nord contrôlé par le gouvernement soudanais et le Sud, semi-autonome, se sont élevées à près de 529 millions de dollars en 2007, selon l´International Crisis Group. Nord et Sud vont désormais se tourner vers «un organisme spécialisé et professionnel d´arbitrage», a précisé Suna. Une délégation du Conseil de sécurité de l´ONU, en visite au Soudan, avait annoncé mercredi que le gouvernement du Soudan et les autorités du Sud-Soudan avaient décidé de demander un arbitrage international pour délimiter la frontière entre leurs zones dans la région d´Abyei.
Malony Tong, un responsable à Abyei du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm) de Salva Kiir, a dit à l´AFP s´attendre à ce que les civils regagnent la ville dès le départ des troupes soudanaises. «Il n´y a personne à Abyei maintenant, à part les soldats», a-t-il affirmé. «Si les forces armées soudanaises à Abyei s´en vont, alors les civils reviendront. Nous nous attendons à ce qu´elles partent avant la fin juin», a-t-il déclaré. D´après lui, la situation des déplacés est «déplorable» mais s´est légèrement améliorée grâce à l´aide des ONG. Selon l´ONU, jusqu´à 90.000 personnes pourraient avoir été déplacées en raison de ces combats. L´armée du gouvernement central contrôle depuis le 20 mai cette ville stratégique, où des combats meurtriers l´ont opposée aux ex-rebelles sudistes, provoquant le déplacement de dizaines de milliers de personnes. Aux termes de l´accord de paix global (CPA) de 2005 mettant fin à 21 ans de guerre civile dans le Sud entre l´armée du gouvernement de Khartoum et les rebelles sudistes du Splm, le sort d´Abyei doit être fixé par un référendum en 2011. La population doit décider si la région reste dans le Nord ou est intégrée au Sud, et si le Sud doit proclamer son indépendance. Selon le CPA, une administration conjointe devait gérer la région jusqu´en 2011, mais elle n´a jamais été mise en place.