IRAK - USA
La communauté internationale inquiète
Les menaces d’attaque américaines contre l’Irak laissent le monde dans l’expectative.
Inflexible, le président américain, George W.Bush, veut sa guerre contre l´Irak, selon lui, l´un des «axes du mal». Cette phobie, à vouloir à tout prix «renverser» le président irakien Saddam Hussein, devient quelque peu préoccupante pour la communauté internationale qu´inquiètent de plus en plus les desseins de l´hôte de la Maison-Blanche.
Même si ces derniers jours plusieurs membres de l´Administration américaine sont montés au créneau pour calmer le jeu, il n´en reste pas moins que beaucoup d´analystes et diplomates se demandent quelle est la véritable finalité de cette campagne américaine et la volonté absolue de Bush à changer le régime d´un pays souverain.
Aussi, la communauté internationale s´alarme-t-elle, à juste titre, de cette proportion, de la seule puissance mondiale, à vouloir s´ingérer dans les affaires internes d´Etats indépendants. Devant cette montée de l´opposition internationale à une attaque contre l´Irak, le président Bush s´est voulu rassurant lors d´un déplacement, mercredi, à Jackson (Mississipi) en déclarant: «Je vous promets que je serai patient et réfléchi et que nous continuerons à consulter le Congrès et bien sûr nos amis et alliés (...) et j´examinerai toutes les options et tous les moyens à ma disposition: la diplomatie, les pressions internationales et peut-être aussi la force militaire.» Une manière d´apaiser l´opinion internationale, lorsque dans le même temps les Américains étudient, à Washington, avec l´«opposition» irakienne à l´étranger l´«après Saddam Hussein».
Toutefois les mises en garde se multiplient quant aux dangers que fait courir une attaque contre l´Irak. C´est ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, affirme qu´«il s´agit d´un acte dangereux qui ne peut être le fait de la volonté d´un Etat ou même de plusieurs (...) Viser l´Irak par un acte militaire entraînerait le chaos dans les relations internationales». Sans doute plus nuancé, mais tout aussi ferme a été le chancelier allemand Gerhard Schröder qui indique qu´une attaque contre l´Irak pourrait «détruire l´alliance internationale contre le terrorisme» affirmant qu´en tout état de cause «l´Allemagne ne participerait pas» à une telle attaque. Même l´allié le plus sûr des Etats-Unis, la Grande-Bretagne, se montre très circonspect et surtout discret au moment où plusieurs Etats européens s´inquiètent quant à une éventuelle attaque américaine contre le régime de Bagdad.
L´Egypte et les Etats du Golfe, y compris le Koweït, refusent aussi une telle alternative qui puise sa force dans le seul objectif de contraindre l´Irak. Menant des frappes ponctuelles dans l´illégalité la plus totale, les Etats-Unis, dans leur désir d´avoir la «peau» de Saddam Hussein, ne se sont pas donné la peine de consulter leurs «amis et alliés», s´attendant plutôt à un suivisme sans accroc, sans avoir à expliquer leurs actes. Ce qui constituerait un véritable danger pour la paix dans le monde, les Etats-Unis s´octroyant ainsi le droit d´être juge et partie et décidant seuls, sans notamment l´accord du Conseil de sécurité des Nations unies, de mener des expéditions punitives contre les Etats récalcitrants.
Aujourd´hui ce sera l´Irak, demain sans doute la Corée du Nord, l´autre Etat de «l´axe du mal» selon Washington. Et après, à qui le tour? Un engrenage qui pourra mener le monde au bord de l´anarchie et du chaos. Car en vérité, aujourd´hui, en ne sachant pas raison garder, la première puissance mondiale, met sûrement la paix en péril dans le monde.