ABBAS-ARAFAT
Le dernier virage
Le vieux leader palestinien, Yasser Arafat, mène, à l´évidence, son dernier combat dans un difficile duel, avec Mahmoud Abbas, qui pourrait décider de sa survie politique. Disqualifié par les Israéliens et les Américains, quelque peu snobé par ses pairs arabes, Abou Ammar a vu, ces derniers mois, ses prérogatives se rétrécir comme une peau de chagrin. Son aura, jamais démentie auprès de son peuple et des peuples arabes, s´est révélée de peu d´effet dans un dernier baroud d´honneur qui s´avère de plus en plus difficile et inégal. Trahi par ses amis et soutiens politiques, et plus sûrement par les erreurs, nombreuses, qu´il a commises ces derniers mois dans les décisions qu´il a prises ou qu´il n´a pas prises, ou a tardé à prendre, Yasser Arafat s´est retrouvé en déphasage par rapport à la réalité géostratégique du moment.
De fait, confiné, depuis mars 2001, dans le réduit de la Mouquataâ (QG de l´Autorité palestinienne) à Ramallah, le président Arafat a perdu, en fait, l´initiative dans un contentieux où la présence, la pugnacité, et singulièrement l´autorité et la crédibilité au plan international, étaient indispensables, voire vitales, dans la défense d´un dossier palestinien difficile par maints de ses aspects. Alors que le président Arafat apparaît aujourd´hui comme un homme du passé, son collaborateur le plus proche, et le plus en vue, Mahmoud Abbas - dont, en revanche, l´étoile monte au zénith - est devenu par la force des choses, un redoutable concurrent pour la direction des affaires palestiniennes. Soutenu et encouragé par la communauté internationale, quasiment plébiscité par les Américains...et les Israéliens, Abou Abbas sait qu´il a devant lui un challenge, certes difficile, mais qui pourrait favoriser le déblocage de la situation dans les territoires palestiniens occupés.
Faisant d´ores et déjà porter sur M.Arafat la responsabilité des conséquences qu´induirait la non-formation du cabinet Mahmoud Abbas, le secrétaire d´Etat américain, Colin Powell, a affirmé mardi: «Si Yasser Arafat ne permet pas à Abou Mazen (Mahmoud Abbas) de former le cabinet dont ce dernier dit qu´il a besoin, une occasion d´une importance énorme aura encore une fois été perdue du fait de M.Arafat.»
Hier, Britanniques, Egyptiens et Russes, notamment, faisaient les dernières tentatives pour trouver un terrain d´entente entre les deux hommes. Il ne fait pas de doute que, quel qu´en soit le résultat, le bras de fer entre les deux leaders de la résistance palestinienne, constitue le dernier virage et sonne comme le chant du cygne, un adieu aux armes, pour le président palestinien.