16E SOMMET DE L’UNION AFRICAINE
L’UA va tenter de garder la main sur un continent qui s’emballe
La multiplication des crises fait presque passer au second plan ce qui devait être l’événement majeur de ce 16e sommet de l’UA: l’avènement imminent d’un 55e Etat africain, le Sud-Soudan, qui vient de se prononcer par référendum à une écrasante majorité pour faire sécession du nord du pays.
Les dirigeants africains, réunis aujourd´hui et demain à Addis-Abeba, vont essayer de démontrer qu´ils gardent la main sur un continent qui s´emballe, entre l´aggravation de la crise ivoirienne et la révolte des rues en Tunisie et en Egypte. La multiplication des crises fait presque passer au second plan ce qui devait être l´événement majeur de ce 16e Sommet de l´Union africaine: l´avènement imminent d´un 55e Etat africain, le Sud-Soudan, qui vient de se prononcer par référendum à une écrasante majorité pour faire sécession du nord du pays. Première épine de ce sommet: la Côte d´Ivoire, où les deux protagonistes de l´élection présidentielle du 28 novembre continuent à se disputer le pouvoir. L´Union africaine, au diapason du reste de la communauté internationale, avait reconnu la victoire d´Alassane Ouattara dès début décembre, et suspendu la Côte d´Ivoire tant que le président sortant Laurent Gbagbo n´aurait pas cédé la place.
L´UA «préoccupée» par la situation en Egypte |
L´Union africaine (UA) est « préoccupée » par les manifestations violentes et la situation politique en Egypte, a déclaré hier le président de la Commission de l´organisation continentale Jean-Ping. |
Mais après plusieurs médiations infructueuses, l´UA est forcée de constater que M.Gbagbo n´a rien lâché de son pouvoir, et l´unanimité initialement affichée en faveur de M.Ouattara semble sérieusement se fissurer. A l´issue d´une visite à Abidjan, cette semaine, le président sortant de l´UA, le Malawite Bingu wa Mutharika, a promis de présenter au Sommet d´Addis les «propositions» de son «frère et ami» Laurent Gbagbo, sans même mentionner le nom de son adversaire. Et l´entourage du président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema, appelé à prendre la présidence de l´UA dès ce week-end, a fait savoir que ce dernier «n´était pour personne» dans la crise ivoirienne. L´Union africaine paraît avoir encore moins de prise, et elle n´a, à ce jour, publié aucun communiqué, sur la «révolution du jasmin» qui a provoqué la fuite du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali ou encore sur les manifestations populaires en Egypte. Le président de la Commission de l´UA Jean Ping a cependant cité lundi la Tunisie comme le principal sujet, avec la Côte d´Ivoire, sur lequel le Sommet prendrait «des décisions majeures (...) dans le respect de la volonté des peuples». Les aspirations démocratiques à l´origine de ces différentes crises donnent un relief particulier au thème officiel du sommet - les «valeurs partagées» de l´Afrique. Mais selon les organisations de défense des droits de l´homme, les valeurs démocratiques de l´UA risquent d´être mises à mal dès l´ouverture du Sommet dimanche, avec la nomination d´un nouveau président de l´organisation pour l´année à venir. Le bloc des pays d´Afrique centrale, à qui revient la charge de présenter un candidat, s´est accordé sur M.Obiang Nguema, au pouvoir depuis un coup d´Etat en 1979, et dont la désignation est «acquise sauf bouleversement inattendu de dernière minute», selon un haut responsable de l´UA. Le conflit en Somalie, l´enquête de la Cour pénale internationale sur les violences de 2008 au Kenya, les poursuites contre l´ancien président tchadien, Hissène Habré, ainsi que la réforme du système des Nations unies figureront également au menu des discussions.