BÉJAÏA APRÈS LA PRÉSIDENTIELLE
A l’heure des récupérations
Chaque parti tente de tirer des enseignements qui le confortent dans sa position à l’égard de la présidentielle.
Le faible taux de participation enregistré à Béjaïa, lors du dernier scrutin du 8 avril, ne semble apparemment intéresser les acteurs politiques de la région que dans le sens d´une récupération. A défaut de tirer toutes les conclusions qu´impose la situation pour mieux appréhender l´avenir, les partis politiques versent, encore une fois, dans la récupération d´une expression populaire qui est loin d´être une réponse à leurs appels.
Chaque parti tente de tirer des enseignements qui le confortent dans sa position à l´égard de la présidentielle. Tous sans exception sont sortis de leur réserve, qui pour réclamer la paternité de l´absence des électeurs dans les bureaux de vote le 8 avril, qui pour saluer une participation loin d´être celle attendue, faisant fi d´une défaillance criante que personne ne veut pour l´heure reconnaître. Pour le FFS, à travers une déclaration de la section d´Ouzellaguen, explique le taux de 17,93 % de participation comme «une détermination de la population pour un véritable changement et son adhésion à une solution politique globale pour l´avènement d´une deuxième République à travers l´organisation d´une assemblée constituante». S´adressant aux citoyens, le parti d´Aït Ahmed parle «d´une leçon de démocratie donnée à tous les acteurs de cette mascarade» qui a abouti, lit-on en substance, «à démasquer les partisans de la culture de la haine et de la violence qui, par leur politique de tout-casser et tout-brûler, ont, le 10 octobre 2002, tenté de faire barrage à l´intérêt de la population d´Ouzellaguen». Dans le même ordre d´idées, la section d´Akfadou «s´est félicitée de la mobilisation citoyenne autour du mot d´ordre du boycott» et «condamne énergiquement l´agression dont avait fait l´objet un de ses militants, le jour du vote». Pour le parti d´Aït Ahmed, la population a boudé les urnes le 8 avril en réponse à son appel, sommes-nous tentés de conclure. Les archs, de leur côté, ne l´entendent pas de la même oreille. Ils sont, en fait, les premiers à se féliciter du comportement des électeurs le 8 avril dernier. La CIC Béjaïa s´est montrée «réconfortée dans sa position» en saluant «la formidable mobilisation de la population qui a rejeté massivement cette élection de la honte vouée à l´échec d´avance», dans une déclaration rendue publique. Côté participants, on note la réaction rapide du RCD, qui donne l´impression d´avoir bien compris le message délivré par la population, jeudi dernier. Un regroupement des militants en présence de Saïd Sadi a été programmé pour «un inventaire» duquel ressortirait à première vue une volonté d´engager la formation dans une nouvelle optique qui prendrait en considération les erreurs précédentes sans perdre de vue «le projet de société démocratique et républicain». Il y a enfin ceux qui ont gagné, en l´occurrence l´UDR, le RND et les redresseurs. Ces derniers sont confortés par l´issue du scrutin.
Les cérémonies sont organisées par-ci par-là et par les redresseurs à leur tête Mohamed Akli Bourouih et les enfants de moudjahidine, drivés par Chikhi Djazouli ou encore le RND, qui marque sa joie, aujourd´hui, à travers une réception. En tout état de cause, toutes les parties essayent de tirer la couverture à elles, oubliant que les véritables messages de la population sont tout autres. Ne faut-il pas s´inquiéter d´une mobilisation factice dont ils se prévalent?