OTAGES ALLEMANDS ET SUISSES DÉTENUS PAR AQMI AU MALI
Al Qaîda s’apprête à toucher 8 millions d’euros
Le plus grave est que cet argent sera converti en armes et munitions.
L´ex-Gspc semble près de toucher sa rançon. Elle est estimée à quelque 10 millions d´euros par certains observateurs. Une somme jugée exagérée par Londres, mais les négociations et les tractations engagées par diverses parties rapprochent l´Aqmi de son objectif. Aux dernières nouvelles, les familles des deux otages, un Allemand et un Suisse, exhortent indirectement Al Qaîda au Maghreb islamique à libérer sains et saufs les deux séquestrés.
Dans un document intitulé Déclaration des familles des otages, il est écrit: «Nous conjurons les personnes qui vous retiennent de procéder à votre libération». Ainsi, cette déclaration signifie à la fois que leurs proches ont une preuve qu´ils sont encore en vie et que les tractations vont bon train afin de libérer les otages contre une forte rançon. Tout au plus, Aqmi qui recourt souvent à ce genre de pratiques pour renflouer ses caisses, baissera éventuellement le montant de la rançon.
Dans ce contexte, quelques sources laissent entendre que la somme aurait été ramenée à 8 millions d´euros. Cependant, ce scénario, où seul l´ex-Gspc trouvera son compte, toucherait à sa fin puisque cette nébuleuse terroriste internationale aurait réussi à monnayer fortement cet enlèvement. Le 20 mai, la branche nord-africaine d´Al Qaîda a prolongé de 15 jours son ultimatum de tuer le Britannique Edwen Dyer si la Grande-Bretagne ne libère pas un islamiste radical, selon un communiqué publié jeudi par le Centre de surveillance des sites islamistes. «Nous demandons à la famille de l´otage de faire pression sur son gouvernement et nous l´assurons que ce nouvel ultimatum ne sera plus renouvelé. C´est un dernier délai que nous offrons à la famille et à son gouvernement avant que la menace ne soit exécutée», assurait ce texte dont l´authenticité ne peut être confirmée. Dans ce chapitre de versement des rançons sans rechigner, il y a lieu de rappeler que la Suisse avait dépensé 6 millions de francs suisses, soit 4,6 millions de dollars pour obtenir la libération de ses quatre otages kidnappés en février 2003 par le groupe relevant du Gspc de Abderezak El-Para, à Illizi, dans l´extrême sud algérien. Ces dépenses, qui ont été effectuées par le ministère suisse des Affaires étrangères, sont cataloguées comme «une contribution» du gouvernement fédéral à la libération de ses quatre ressortissants, puisées dans les comptes fédéraux du gouvernement pour l´exercice 2003. Berlin a dépensé près de 30 millions de francs suisses, soit 23 millions de dollars dans les opérations liées à la libération de ses ressortissants.
Une partie de ces dépenses, estimée à 6 millions de dollars, a été versée aux ravisseurs du Gspc après des négociations qui ont duré deux mois, au nord du Mali. Ce genre d´affaires reflète l´ambiguïté des gouvernements allemand et suisse à monnayer la libération de leurs ressortissants avec des terroristes recherchés par Interpol. Cet argent n´est pas parti en fumée du moment que le Gspc l´a utilisé, notamment pour se renforcer en armes et munitions. Reste que le gouvernement algérien a engagé des frais énormes dans les recherches et la traque du Gspc, largement supérieurs à ceux des Etats européens concernés par les otages.