JEAN-LOUIS DEBRÉ REÇOIT UN ACCUEIL EXCEPTIONNEL
«Assumons ensemble notre histoire commune»
«Après une séparation douloureuse, le rapprochement doit se faire dans la dignité.»
Le président du Parlement français, Jean-Louis Debré intervenant, hier en fin d´après-midi, devant les députés, a estimé que la loi du 23 février 2005 «a suscité des malentendus qui n´étaient pas dans l´intention du législateur français.». Il parlera aussi du «travail de rapprochement des mémoires», objet, dira-t-il, d´un chantier entre les historiens des deux pays.
Avant d´enchaîner que l´abrogation de l´article 4 de ladite loi atteste des bonnes intentions des autorités françaises. «Après une séparation douloureuse, le rapprochement doit se faire dans la dignité», ajoute l´orateur. Par ailleurs, l´hôte de «Zighoud-Youcef» a rappelé que la France est le premier partenaire économique de l´Algérie. Quant à la défense il affirmera que «les deux pays ont posé les bases de concertation». A noter que M.Debré et la délégation qui l´accompagne ont été reçus dans la matinée par le chef de l´Etat. Des entretiens marathon de trois heures et demie. Deux heures rien qu´avec le président de l´Assemblée française, Jean-Louis Debré.
Les représentants des quatre groupes politiques de l´Assemblée nationale française: le vice-président Jean-Christophe Lagarde (UDF), le président du groupe PS Jean-Marc Ayrault, ainsi que Jacques Bruènes (PCF) et l´ancien ministre des Affaires étrangères, Hervé de Charette (UMP), ont participé aux entretiens. A la fin de l´audience, le président Bouteflika et M.Debré se sont refusé à aborder le sujet controversé de la signature d´un traité d´amitié entre les deux pays. Pour sa part M.Debré, qui devait prononcer dans l´après-midi une allocution devant les députés, a indiqué avoir remis «un message d´amitié au peuple algérien» du président Jacques Chirac au président Bouteflika, et abordé avec ce dernier «la coopération parlementaire entre les deux pays». C´est justement dans ce cadre que le président de l´APN et son homologue français ont signé, hier, un protocole de coopération parlementaire entre les deux institutions. Le protocole énonce la création d´une grande commission présidée par les présidents respectifs des deux assemblées.
Selon Mohamed Abou, parlementaire et ancien ministre de la Culture et de la Communication, c´est le second du genre que signe l´Assemblée française après le protocole signé avec la Russie. La nature du document dépasse le cadre protocolaire. Elle a un caractère permanent. «Les activités de la grande commission s´inscrivent dans un programme annuel financé et exécuté. Il s´agit donc d´un programme institutionnel», précise-t-il. Dans la matinée d´hier, le président de l´Assemblée française a déposé une gerbe de fleurs au sanctuaire des martyrs de Maqam Echahid à Alger, en signe de recueillement à la mémoire des martyrs de la Révolution. Ce geste est chargé de symbolique, relève-t-on dans les milieux politiques algériens. Il s´agit là aussi d´une première. Par ailleurs, cette visite se distingue de la précédente, conduite par Douste-Blazy, chef de la diplomatie française, l´année passée, qui s´est soldée par un échec.. La délégation française est venue à Alger, assainir le climat de mésentente, dépassionner le débat et poser de nouvelles bases de dialogue et de coopération. Au-delà des exigences électoralistes françaises, cette initiative se veut surtout être une nouvelle opportunité de réconciliation durable entre les deux pays.
A noter que dans une déclaration faite samedi soir à Djanet où il était en compagnie de son homologue et hôte, Jean-Louis Debré, le président de l´APN, Amar Saâdani a estimé que la signature du traité d´amitié Algérie-France, en panne depuis 2005, était «possible» avant la fin du présent quinquennat de Jacques Chirac.
Avant d´affirmer que «si le traité n´était pas signé avant la fin du mandat de M.Chirac et avant les législatives de mai en Algérie, la signature sera reportée pour encore longtemps».