Du darwinisme en économie

Qu´est-ce que le NIS? sinon le numéro d´identification statistique sur lequel se base l´Office national des statistiques pour établir la carte d´identité d´une entreprise. En partant de ces données, l´ONS a justement établi le nombre d´entreprises qui activent en Algérie à la date du 31 décembre 2002, et qui se chiffre à 85648 personnes morales. C´est la société à responsabilité limitée ou Sarl qui se paie la part du lion dans ces chiffres avec 53 % d´entreprises, suivies de près par l´Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (ou Eurl) forme juridique de création assez récente. Quant à la Société par actions (SPA), elle tient la lanterne rouge avec seulement 2 % d´entreprises enregistrées ou identifiées. Ces chiffres sont assez éloquents en eux-mêmes et renseignent sur la faiblesse du secteur de la PME-PMI en Algérie. En effet, comparé aux pays voisins ou proches, comme la Tunisie, le Maroc, voire la France ou l´Italie, notre pays reste marqué par le modèle économique choisi au cours de la décennie 70, et qui a été construit sur le modèle des pays de l´Est européen, un système qui s´articule autour des grands conglomérats industriels, au détriment des petites unités de production ou de services plus maniables, utilisant peu de main-d´oeuvre et plus facile, à gérer et à reconvertir. Dans les pays où l´économie est performante, il naît tous les jours des PME et il en meurt presque autant, preuve du dynamisme de ce type d´entreprise. Les grands conglomérats de type soviétique n´ont pas pu résister à l´épreuve du terrain, tout comme dans le règne animal, les dinosaures ont été éliminés par des créatures plus petites mais plus robustes. C´est la loi de la survie et de la sélection naturelle. On peut pour des raisons idéologiques ou dogmatiques préférer tel ou tel type d´entreprise, mais on est obligé de se faire une raison et admettre que le tissu industriel d´un pays est constitué en priorité de PME-PMI. Du reste, dans l´histoire de l´apparition et du développement du capitalisme, les grands centres industriels, notamment dans les bassins houillers ou sidérurgiques, sont apparus au milieu du 19e siècle et dans la première moitié du 20e siècle avant de disparaître progressivement en cédant la place à des entités plus petites et à une gestion plus flexible. Alors que pour des raisons purement idéologiques, donc au mépris des lois de l´évolution économique, les camarades soviétiques et leurs émules des pays de l´Est en ont fait leur cheval de bataille. En Algérie, et bien qu´ayant opté pour une ouverture de marché depuis plus d´une décennie, on reste encore dans les carcans de l´ancien système de l´économie dirigée. La restructuration opérée par Abdelhamid la Science n´y a pas changé grand-chose. C´est surtout le système bancaire obsolète qui continue d´entraver le développement de la PME-PMI, et ce n´est pas la liquidation des banques El Khalifa et BCIA qui arrangera les choses ni ne les remettra sur les rails. L´autre chiffre important donné par l´ONS concerne le nombre d´entreprises privées. Ce secteur serait donc hégémonique en englobant à lui seul 83 885 entreprises. L´on relève également que 30 % des entreprises sont concentrées à Alger, soit plus de 25.000, Oran compte 5019 entreprises, Constantine 3 758, Sétif 3 585, Tizi Ouzou 3663, Blida 3117, Boumerdès 2903 et Béjaïa 2983.