LES ISLAMISTES SORTENT LA TETE DE L’EAU
Klaxons, youyous et barbes hirsutes
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alger a connu, hier, une nuit agitée.
Comme il fallait le craindre, à la veille de la libération des deux anciens leaders de l´ex-FIS, Abassi Madani et Ali Benhadj et leurs irréductibles partisans ont tôt fait de reprendre leur bâton de pèlerin. Mardi, jusqu´à une heure indue de la nuit, des véhicules ont sillonné les principales artères de la capitales, à grands renforts de klaxons et de cris de liesse ostensiblement pro-islamistes.
Il est vrai que quelques heures auparavant, a-t-on appris selon un communiqué signé mardi soir par Mourad Dhina, la confirmation de la libération de Abassi Madani et Ali Benhadj avait été donnée la veille, mardi, dans le courant de l´après-midi à l´ancien président de l´ex-FIS. A en croire le document, deux hauts responsables, dont l´identité et les fonctions n´ont pas été précisées, ont rendu visite dans le courant de l´après-midi de mardi à Abassi Madani, en son domicile, où il est assigné à résidence depuis six années pour lui signifier qu´il serait libéré dès le lendemain matin, c´est-à-dire hier.
Telle une traînée de poudre, l´information a vite fait le tour des milieux islamistes via les mosquées aux heures des prières. D´où ces manifestations provocantes, effectuées dans beaucoup de quartiers de la capitale, sans que les pouvoirs publics soient venus y mettre un terme. Outre le tapage nocturne lié à ces manifestations, il ne fait aucun doute que ces dernières signifient le retour du bras de fer entre les pouvoirs publics et les islamistes intégristes. Le phénomène, qui avait eu tendance à se cristalliser de manière flagrante au lendemain du séisme du 21 mai passé, vient de connaître un nouveau «pic de tension» à la veille de la libération des deux leaders les plus célèbres du mouvement islamiste radical algérien.
L´efficacité dans l´organisation et la rapidité d´action de ce mouvement sont époustouflantes puisque l´information a pu circuler en un temps record afin que des manifestations puissent être organisées durant les quelques heures qui avaient précédé la libération des deux détenus les plus célèbres du pays. Les partisans de la sauvegarde de la République ne désespèrent pas, quant à eux, de voir le courant moderniste triompher une fois de plus. En dépit de l´extrême mobilité et de l´efficacité des représentants du courant islamiste radical, ces derniers n´en ont pas moins été réduits à une peau de chagrin depuis le début de la violence terroriste et les quelque 150.000 morts qui en ont résulté, outre les millions de victimes directes et indirectes de ce véritable drame national. Un drame, hélas, qui est loin d´avoir dit son dernier mot. La libération de Benhadj et Abassi est loin d´arranger les choses...