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LA SAISON ESTIVALE GÂCHÉE

La peur gagne les citoyens

Le 5 juillet, une bombe explose à Azur-plage à Zéralda, le pire a été évité et aucun estivant n’a été touché.

Ces derniers avaient décidé, sous le choc, de regagner leur domicile. Le terrorisme a frappé comme à l´accoutumée au moment où on s´y attendait le moins, d´autant plus que les plages ont été épargnées par ce genre d´actes depuis une longue période pour permettre apparemment à des individus d´enfouir une bombe en toute quiétude dans le sable de cette plage de la côte ouest d´Alger.

Retour à Azur-Plage

Nous sommes vendredi. Avec cette chaleur caniculaire du mois de juillet, les plages se présentent comme l´ultime évasion pour beaucoup de citoyens issus de différentes classes sociales. Les plages, faut-il le noter, sont parmi les très rares endroits où riches et pauvres, ont de très grandes chances de se croiser en Algérie.
14h, Azur-Plage, tout est fin prêt pour accueillir les estivants. Les tentes, les parasols, les tapis, la Protection civile et même les vendeurs de sandwiches et des cacahuètes. Mais l´affluence n´est pas à la «hauteur de ces préparatifs». «La saison s´annonce catastrophique», déclare un locataire autoproclamé des lieux. Ce squatter de la plage refuse de payer les 40.000 DA requis par l´APC de Zéralda.
Pour ce jeune travaillant au noir en plein jour, la somme qui leur a été exigée est exagérée. Conséquence directe de cette situation pour le moins paradoxale, l´absence quasi totale de la sécurité à l´entrée de la plage. Rien n´est fouillé, ni les sacs, ni les cabas, ni même les voitures. «Au lieu d´assurer la sécurité des citoyens, l´Etat ne cesse de nous harceler en nous menaçant d´expédition, la gendarmerie est même passée à l´acte il y a de cela une semaine, en saisissant notre équipement», clame notre interlocuteur. Notons que ce bras de fer opposant les autorités locales aux «locataires des plages» a failli virer à l´émeute à Tipasa.
Cela ne fait qu´aggraver une situation déjà largement critique. Les estivants, conscients de cette négligence, se trouvent livrés à eux-mêmes. «On peut enfouir dix bombes dans cette plage sans que personne s´en rende compte», déclare cette quadragénaire, restant fidèle à cet endroit, en dépit du choc ressenti le jour de l´explosion. «On ne peut fuir notre destin, s´enfermer chez soi ne peut ni reculer ni avancer le jour de ma mort», ajoute-t-elle.
L´attentat a, par ailleurs, provoqué un changement dans le comportement des estivants qui appréhendent désormais tout comportement suspect sur la plage, y instaurant ainsi un climat très tendu.
Il est navrant de relever que dans l´esprit de chaque estivant, l´autre pourrait être un poseur de bombe potentiel. «Je ne quitte pas des yeux les gens que je suspecte en dépit de la forte présence des gendarmes», déclare une dame en train d´allaiter son bébé.
Pour notre interlocutrice, il est clair qu´une baisse flagrante d´estivants est enregistrée cette saison. «Trouver une place à la mi-juillet à midi sur cette plage relevait presque de l´impossible l´année dernière.»
La foi profonde de certains estivants et la fatalité proclamée des autres pourront-elles protéger nos plages d´éventuels attentats?

Champ de tir de Zéralda

Nous quittons Azur-Plage, pour une deuxième station balnéaire. Plage Champ de tir de Zéralda, à proximité de l´endroit où les terroristes avaient commis leur forfait le 26 juin dernier en assassinant six adolescents. Sur la clôture de la gare routière, nous pouvons lire: «Allah akbar, 26 juin 2002.» Ce graffiti est le témoin permanent de la terreur qui s´est emparée cette nuit d´été de la région et la terreur semble s´étendre jusqu´à la plage.
En effet, une fois sur place, nos regards se sont dirigés vers ce parking quasiment vide. Le décor reflète parfaitement, le sentiment de peur et de méfiance qui émane des citoyens de cette région et de sa périphérie.
Notre présence a attiré une attention spéciale de la part des agents, qui se sont précipités sur nous, à chacun sa doléance. «Depuis plus d´une semaine je n´ai pu louer plus de 6 parasols la journée», nous explique ce jeune homme qui avait l´habitude de dépasser largement la moyenne de 30 parasols / j.
Le renforcement du dispositif sécuritaire, depuis l´incursion terroriste, ne semble pas avoir eu l´écho escompté. Les estivants restent méfiants et misent sur le facteur prudence.
Les commerçants activant sur cette plage redoutent, sérieusement, la faillite. «Mon chiffre d´affaires a connu une baisse sensible, cette situation est dramatique pour moi dans la mesure où j´ai 6 bouches à nourrir.»

Les vigiles en renfort

Face à la menace terroriste, des civils ont été engagés pour surveiller le littoral et signaler tout mouvement suspect. C´est le cas notamment de la plage Colonel-Abbas relevant de la wilaya de Tipasa où nous avons constaté une forte présence de jeunes qui prêtent main forte aux 7 brigades de gendarmerie dispatchées sur une longueur de 3 km.
Pour ce gendarme brigadier, faisant sa ronde habituelle sur la plage Colonel-Abbas, il est quasiment certain que les terroristes qui ont frappé à Zéralda ne sont pas originaires de la région. «Si c´était le cas nous les aurions vite identifiés.»
Concernant les interventions de la gendarmerie dans la région, il nous confie qu´«avec la détérioration de la situation sécuritaire, koullech yadjouz (tout est permis)».
Nous avons eu davantage de détails au niveau de la gendarmerie de Douaouda où nous avons rencontré le chef de la brigade. «Nous possédons deux brigades qui veillent sur la sécurité des citoyens, l´une pédestre qui surveille les trois camps de toile se trouvant au milieu de la forêt, l´autre maritime équipée de maîtres-chiens. Nous avons, également, installé deux barrages permanents se situant à l´entrée et à la sortie de la plage.»
Avec tout ce dispositif, notre interlocuteur estime que le danger est «totalement écarté» au niveau de cette commune. Peut-on considérer Tipasa comme un exemple ou s´agit-il d´une simple assurance émanant d´un officiel?
En tout cas, la vigilance demeure, le meilleur palliatif à cette recrudescence de la violence.

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