La presse marocaine se déchaîne contre l’Algérie
Le président du gouvernement espagnol, M.José-Maria Aznar, devrait se rendre au Maroc au début du mois de décembre.
Il est, d´ores et déjà, fort à parier qu´outre les échanges bilatéraux, la question du Sahara occidental sera au centre des débats. D´ailleurs le problème du règlement de cette crise a été abordé par le président du gouvernement espagnol, M.José Maria Aznar, avec le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika à l´issue de sa visite à Alger.
Au cours de cette visite, le président du gouvernement espagnol a réitéré son souhait pour «un accord entre les parties concernées conformément au plan de paix onusien» sur le Sahara. Un plan que le Maroc refuse d´appliquer selon le ministre conseiller à la présidence de la Rasd, M.Mohamed Sidati, qui a lancé un appel pressant au Parlement européen pour amener le Maroc à «retrouver» le chemin de la légalité internationale et accepter le plan Baker.
Une position qui a fait que le processus de l´Union du Maghreb arabe est gelé depuis 1995 en raison des divergences entre Alger et Rabat sur le Sahara occidental. D´ailleurs dans son intervention, jeudi, le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a souligné que la construction de l´UMA «ne saurait en aucune manière être suspendue à la question du Sahara occidental».
Le chef de l´Etat a affirmé que la résolution par laquelle le conseil de sécurité a adopté à l´unanimité le 31 juillet dernier le plan Baker est fondée sur ´le droit du peuple du Sahara occidental à l´autodétermination´´. Une attitude qui n´a pas été du goût de la presse marocaine qui n´a pas omis de le relever unanimement dans ses éditions d´hier.
Si la position de José Maria Aznar, qui est resté vague sur les «parties» en question, a trouvé écho auprès des médias marocains, il n´en est pas de même de celles de Abdelaziz Bouteflika. Pour le quotidien, Le Matin, il y a discordance entre les déclarations des deux Chefs d´Etat «il y a là langage en demi-teinte, des tirs croisés entre le président algérien et son hôte». Curieuse analyse des propos de deux Chefs d´Etat qui ont réaffirmé dans un communiqué commun rendu public «leur attachement à une solution juste et définitive du Sahara occidental, dans le cadre de la résolution 1495 du conseil de sécurité des Nations-unies».
Le courroux de la presse marocaine a été soulevé par le terme de «décolonisation». Le journal n´a pas hésité à faire le parallèle entre 1975 et 2003 en soutenant -la décolonisation qu´invoque M.Bouteflila n´est-elle pas celle-là même à laquelle étaient parvenus, le 14 novembre 1975, Maroc et Espagne?» Avant de se poser la question «pourquoi aux yeux de Bouteflika, à l´époque impétueux chef de la diplomatie algérienne, la notion de décolonisation du territoire était-elle à ce point méprisée, combattue par son gouvernement et vouée aux gémonies? Qui plus est devant le chef de gouvernement d´Espagne, le même pays qui avait signé l´accord de Madrid?».
Ce que la presse marocaine omet de dire c´est les conditions dans lesquelles l´accord sus-cité a été signé -au moment où le Godillot, Francisco Franco était dans le coma-, et semble oublier qu´en 1975 l´un des objectifs de cet accord était d´aboutir à l´autodétermination du peuple sahraoui et non pas à une nouvelle colonisation par le Maroc. Sur sa lancée, la presse marocaine s´étonne «comment une certaine complicité peut-elle inspirer une attitude commune?» tout en se félicitant que Madrid, tout en demeurant prudente, s´en remette à l´ONU quant au règlement de la crise. Avant d´affirmer que «l´Espagne se donne le privilège de ne rien exiger ou d´imposer quoi que ce soit au Maroc» contrairement, selon elle, à l´Algérie que le Maroc accuse, en plus de soutenir sans réserve le Front Polisario, dans son combat pour l´autodétermination, de s´immiscer dans ses affaires internes. Affaires qui, faut-il le souligner, sont du ressort des Nations unies depuis trois décennies.