FINANCEMENT DU TERRORISME
La traque des réseaux bancaires
Deux banques algériennes sont déjà complètement sécurisées et filtrées grâce au concours de la société Byosec.
Le partenariat Byosec-Euronet-Ria, des sociétés spécialisées dans la sécurisation des transactions et le filtrage des fichiers bancaires, est mis en marche en Algérie pour, entre autres, fermer les sources financières aux groupes terroristes. Deux banques algériennes sont déjà complètement sécurisées, à en croire André Verguyse, directeur général de la société Byosec, qui se garde bien de préciser de quelles banques il s´agit. Secret professionnel oblige! Byosec a décidé de s´associer désormais avec les Américains de Euronet, compagnie spécialisée dans la monétique et les transferts de fonds -3e au monde après surtout Western Union- et les expertises ATM (Mode de transfert asynchrone). Lors d´une cérémonie organisée, dimanche soir à Alger, consacrée surtout à l´annonce du partenariat Byosec-Euronet-Ria, André Verguyse, approché par L´Expression, nous expliquera que Byosec oeuvre actuellement, avec l´agrément de la Banque d´Algérie, à sécuriser les transactions de plusieurs institutions financières algériennes. Second objectif: filtrer et détecter des personnes interdites de mouvement et qui sont inscrites sur des listes et des fichiers, soit nationaux et internes, soit européens et américains du FBI et de la CIA (le Bureau fédéral d´investigation et l´Agence centrale de renseignement). «Nous travaillons avec plusieurs listes lorsque nous sommes informés que des personnes interdites de mouvement y figurent», nous explique le directeur général de Byosec. Laquelle agence, de droit algérien, mais dirigée par un Belge, travaille avec le système Swift, très performant dans le domaine de transmission de données. Il n´est pas le seul système mis en application pour la sécurisation, le filtrage et le blocage des personnes fichées et interdites de mouvement.
Elles (ces personnes) sont généralement impliquées ou présumées impliquées dans le blanchiment d´argent et le financement du terrorisme. Dans ce processus, développe notre interlocuteur, d´autres maillons sont mis en place pour s´assurer le relais et l´appui de personnes bien placées dans le milieu bancaire et financier. Il s´agit, en fait, d´un système de communication international, le système de filtrage et celui de l´étude de comportements destinés à lutter contre le financement du terrorisme. Ce fléau, traqué en Algérie à tous les niveaux, ne devra, désormais, bénéficier d´aucune «mamelle» financière. Les banques sont appelées ainsi à subir une multitude d´opérations de filtrage, de sécurisation et d´étude de comportements.
Après la détection d´un quelconque mouvement douteux, la phase suivante est de faire appel aux «officiels sécurité» pour prendre les mesures répressives nécessaires. A en croire André Verguyse, deux banques algériennes ont, d´ores et déjà, subi cet ensemble de mises en phase, en attendant un complément de mise à niveau puisque d´autres opérations sont en cours. «Nous avons sollicité plusieurs banques, mais ce sont celles qui ont connu des mouvements douteux qui sont souvent mises sous la loupe», précise encore le directeur général de Byosec Algérie. A notre question de savoir quels sont les fichiers qui sont utilisés pour la sécurisation des banques algériennes, André Verguyse explique que c´est à l´institution financière de choisir son fichier. «Il y a des banques qui préfèrent travailler avec des fichiers internes, d´autres avec des fichiers américains jugeant qu´ils sont plus complets que le fichier européen», nous a-t-il également indiqué. Le fichier interne, pour précision, sert à étudier le comportement jugé douteux de certains clients.
Selon André Verguyse, toutes les autorités imposent à leurs banques de procéder à un filtrage qui permet de bloquer des transactions non conformes et le mouvement des personnes fichées. Ce sont des individus impliqués ou supposés impliqués dans des affaires de blanchiment d´argent et de financement du terrorisme. C´est une étape à ne pas brûler dans les opérations de lutte contre le terrorisme que l´Algérie mène depuis une quinzaine d´années.
Ce sera, sans l´ombre d´un doute, l´asphyxie et un coup dur contre les résidus du terrorisme, mais aussi un travail complémentaire, tant nécessaire à celui mené sur le terrain par les services chargés de la lutte antiterroriste. Désormais, la bataille est ouverte sur trois fronts. Si ce n´est plus.
Il s´agit du renseignement, d´opérations de terrain et de lutte contre les réseaux de financement. L´Algérie ne compte lésiner sur aucun moyen.