La ville quadrillée et isolée pendant une semaine

Depuis maintenant cinq jours, la ville de Bouira est isolée. Les lignes des trois opérateurs de téléphonie mobile ne fonctionnent pas toute la journée. Les réseaux ne sont fonctionnels qu´aux alentours de 18 heures. Cette situation a laissé libre cours aux spéculations surtout que du côté des opérateurs, c´est le silence total. Ainsi certains parlent d´une coupure intentionnelle suite à la présence de groupes terroristes préparant des attentats. Abondant dans des scénarios relevant de la pure spéculation, certains parlent de la présence d´un camion bourré d´explosif, d´autres annoncent des arrestations ça et là et celle d´un émir maghrébin de l´Aqmi. La disparition, ces derniers jours, de repentis connus qui écumaient les abords des lieux religieux est saisie pour étayer les versions. De source officielle, les unités militaires au niveau de la wilaya, n´ont engagé aucune opération de ratissage mais restent sur le qui-vive en prévision d´une fuite d´éléments encerclés dans les zones de Tizi Ouzou ou de Boumerdès. La preuve est vérifiée par le fonctionnement des réseaux de couverture téléphonique autour du chef-lieu de wilaya. Ainsi, dans la région de M´Chedallah, nous avons vérifié cette donne en utilisant une ligne Mobilis. Du coté de Aïn Bessem l´opérateur Nedjma assure sans discontinuité la couverture. Cette situation laisse penser auprès de certains clients à une panne déguisée. Pour d´autres, il s´agirait d´un sabotage. Le quadrillage de la ville et la forte présence de gendarmes et de militaires sur les axes routiers accentuent les appréhensions et donnent à la thèse terroriste une crédibilité et confirment la crainte d´un danger réel. Les services de sécurité auraient récemment consulté les enregistrements des vidéos surveillance d´organismes publics sur une période de 15 jours. On soupçonne la présence de personnes fichées et connues des services de lutte contre la criminalité qui auraient rejoint la ville suite aux fortes pressions exercées par l´armée dans les maquis. Le silence qui entoure le travail des services de sécurité et qui reste justifié a laissé place au sein de la population à des scénarios divers. La nouvelle d´un simple passage d´une ambulance ou d´une patrouille de police ou de gendarmerie fait vite le tour de la ville et donne libre cours à l´imagination de certains. Le premier jour de la coupure, une version faisait état d´une opération coup de poing dans les milieux maffieux de Bouira. L´arrestation de quatre dealers et de leur fournisseur, un citoyen arrêté à Boghni, reste une raison plausible. Depuis jeudi les réseaux ont fonctionné et les citoyens ont pu joindre les leurs sans problème.