L’art joint à la manière

Le «premier coup de manivelle» de l´Année de l´Algérie en France a été donné officiellement dans la soirée du réveillon lors d´un mégaconcert animé par une très large palette de chanteurs et d´interprètes à Bercy. L´idée, germée dans l´esprit des deux chefs d´Etat à l´occasion de la visite de Chirac à Alger, semble vouloir tenir l´essentiel de ses promesses. A savoir, renouer entre ces deux pays qu´un passé commun, tant douloureux que sombre, a éloignés, rendant souvent les relations entre eux plus passionnelles que basées sur des intérêts mutuels censés être à la base de toute diplomatie digne de ce nom.
La nouvelle vision dans les relations algéro-françaises avait été clairement annoncée par Bouteflika le jour même de son discours d´investiture à la tête de l´Etat algérien, en 99. Pour lui, il n´était plus question que les capitales étrangères, principalement occidentales, passent par Paris quand elles veulent traiter quelque affaire avec notre pays.
Les actes ont suivi juste après. 2002 a été celle de la conclusion de l´accord d´association avec l´UE, ôtant définitivement à la France son statut de partenaire privilégié de l´Algérie, un statut déjà sérieusement mis en péril avec la «frilosité» souvent simulée de ses hommes d´affaires et investisseurs au moment où les concurrents, toutes nationalités confondues, se bousculaient au portillon d´Alger. Idem pour l´OMC où ce ne sont rien moins que les Américains qui parrainent quasi officiellement la candidature algérienne.
La diplomatie de Bouteflika a fini par porter ses fruits, certes. Mais, le chef de l´Etat, jamais, n´a perdu de vue les relations historiques, culturelles et même linguistiques privilégiées qui lient, bon gré mal gré, les deux pays.
Aussi, a-t-il commencé par le geste de bonne volonté le plus significatif qui se puisse concevoir en prenant part au sommet de la francophonie et en devenant officiellement membre de ce «club» où la culture domine les considérations économiques et diplomatiques même si les Etats membres du cercle de la francophonie constituent un groupe de pression aussi puissant que celui du Comenwelth.
L´année de l´Algérie en France, selon de nombreux observateurs, sera le couronnement de la nouvelle politique de rapprochement entreprise par le Président Bouteflika et parfaitement comprise par le chef de l´Etat français qui compte même effectuer une visite officielle dans notre pays dans le courant de cette année, c´est-à-dire au plus fort de la manifestation.
Cette dernière, au yeux de ses concepteurs, devrait servir à aplanir pas mal de divergences, à rectifier les idées préconçues, toujours fausses, que se font les uns des autres. Rien de tel, en effet, qu´une bonne mélodie, une pièce de théâtre, une exposition de tableaux...pour faire découvrir l´autre sous un jour moins tronqué. A la clé, les rapprochements attendus devraient déboucher immanquablement sur une vision commune relative aux intérêts dans la région méditerranéenne, mais aussi vers une nouvelle intensification des échanges commerciaux et des investissements entre l´Algérie et la France.