LE PÔLE PRÉSIDENTIEL SE MET EN PLACE
L’atout et le joker
Après l’arrivée de Benflis à la tête du vieux parti, les observateurs s’attendent à une grande offensive politique du couple RND-FLN.
Les contradictions constatées par les observateurs au niveau des appareils politiques au pouvoir vont, sans doute, s´estomper avec le virage négocié récemment par le FLN à travers l´élection de Ali Benflis au secrétariat général du parti. Il est, en effet, important de souligner que le Chef du gouvernement entend mener une politique d´ouverture sur l´universalité.Ce qui contredit la démarche de son prédécesseur qui a choisi la voie conservatrice, plus proche du courant islamiste que de la modernité.
Ce changement, qui remet le FLN sur orbite du pouvoir en quelque sorte, est aussi synonyme d´un rapprochement avec le RND. Un état de fait qui aura des répercussions directes sur la scène politique nationale. C´est ainsi qu´au sein de la coalition gouvernementale, le rapport de force politique basculera en faveur des démocrates. Ils seront, en effet, quatre - le RND, le PRA, le FLN et l´ANR - à défendre le programme du chef de l´Etat dans sa totalité, face aux deux islamistes - le MSP et Ennahda -. Ces derniers, qui remettent en cause certains aspects de la politique présidentielle, notamment la question des réformes de l´éducation et de la justice, perdent un allié de taille en la personne de Boualem Benhamouda. La perte de vitesse de l´intégrisme à l´échelle mondiale aidant, les partis islamistes algériens se retrouvent, du jour au lendemain, dans une très mauvaise posture au sein d´un pouvoir politique qui donne des signes probants d´une réelle volonté de passer à une phase supérieure en termes d´harmonisation du discours aux fins d´éviter, dans le futur, les interprétations hasardeuses. L´exemple de la réconciliation nationale proposée par le chef de l´Etat est révélateur de cet état de fait, lorsqu´on sait que les formations islamistes de la coalition ont sauté sur l´occasion pour réclamer le retour de l´ex-FIS et la libération de ses deux premiers responsables. Le soutien «précieux» apporté par Benhamouda aux intégristes sur le dossier de l´école a donné des ailes à la mouvance qui, à force de tapage médiatique, a réussi à créer l´illusion d´une force politique représentative de la société algérienne. Il est évident, aujourd´hui, que la nouvelle orientation du FLN détruit cette image montée de toutes pièces par une mouvance qui a prêté allégeance au système corrompu, dans le seul but de se maintenir au pouvoir, coûte que coûte.
C´est dans cette nouvelle atmosphère que la campagne pour les deux rendez-vous électoraux des législatives et des locales va se tenir. Le pouvoir de Bouteflika étant consolidé par le ralliement du FLN à sa cause, les observateurs s´attendent à une grande offensive politique du couple RND-FLN, avec comme principal objectif la mise en minorité des islamistes de la coalition sur les principales questions de l´heure.
Dans cet ordre d´idées, une défaite des partis de la mouvance intégriste n´est pas à écarter, si l´on tient compte de l´importance de la machine politique qui sera mise en oeuvre par les deux grands partis qui font actuellement l´essentiel du pouvoir. Une option, très sérieusement à l´étude en haut lieu, dit-on, dans l´entourage des deux formations concernées par ce redéploiement qu´on veut stratégique.