CHEMINI (BEJAIA)
Le jeune Bettar succombe à ses blessures
Selon des témoins oculaires, l’accident est survenu jeudi vers 17 h.
Le jeune Yassine Bettar, 17 ans, touché à la tête lors des violents affrontements qui se sont produits jeudi dernier à hauteur de la brigade de gendarmerie au chef-lieu de daïra de Chemini, a succombé, hier, à ses blessures à l´hôpital de Tizi Ouzou. La nouvelle de son décès s´est propagée telle une traînée de poudre aux quatre coins de la Kabylie, mais sans pour autant donner lieu à une quelconque agitation. En apprenant la triste nouvelle, les jeunes affichaient une mine défaite. Dans la commune de Souk Oufella où résidait le défunt, l´heure était, hier, à la consternation. Les jeunes de son village, Tilouakadi, cachaient difficilement leur tristesse et avaient beaucoup de mal à parler de lui tant il était gentil et aimable avec tout le monde. Selon des témoins oculaires, l´accident est survenu jeudi vers 17h.
Au cours d´un face-à-face des plus violents, Yassine aurait été, dit-on, touché en plein visage par une bombe lacrymogène. Evacué immédiatement à l´hôpital où les médecins avaient déjà constaté un coma profond, d´autres sources affirment qu´il aurait été touché par une balle en caoutchouc au plus fort moment de la tension. D´autres sources, très crédibles, affirment de leur côté que le défunt a fait une chute. Touché à la nuque, il a plongé dans un coma profond. Cette thèse est d´autant plus vraisemblable que le défunt ne présentait aucune blessure au visage, ce qui écarte l´hypothèse de la bombe lacrymogène. De son côté, la coordination locale du mouvement citoyen parle de «balles assassines de gendarmes». Bélaïd Abrika, lui, n´a pas hésité à déclarer à l´AFP que le jeune Bettar a été tué par la gendarmerie.
Issue d´une famille modeste, la jeune victime sera enterrée aujourd´hui dans la cour du siège de l´APC. Par ailleurs, un autre jeune, touché le même jour et dans les mêmes circonstances, est encore à l´hôpital Khellil-Amrane de Béjaïa. Selon une source hospitalière, le blessé est actuellement hors de danger. A l´heure où nous mettons sous presse, la localité de Chemini reste calme. La maison des parents de la victime était visiblement exiguë pour contenir un si grand nombre de personnes venues attendre la dépouille.
Pour rappel, les hostilités qui ont repris mercredi dernier dans la localité de Chemini ont atteint un pic de violence jeudi aprè-midi pour enregistrer la deuxième victime depuis le début des événements de Kabylie.
Alors que dans certaines localités l´heure est à la concertation sur les voies et moyens à mettre en oeuvre pour arrêter les émeutes qui sont à l´origine des vols, agressions et destruction des biens publics et privés, d´autres continuent à vivre au rythme des hostilités. C´est le cas notamment de Sidi Aïch et d´El-Kseur. Les affrontements ont repris jeudi, cette fois-ci, au niveau du commissariat que les émeutiers voulaient, coûte que coûte, saccager mais c´était compter sans la vigilance des éléments des brigades antiémeutes stationnés à l´intérieur de l´édifice qui ripostent avec des pierres ou des bombes lacrymogènes pour éloigner la menace.
Les émeutiers, visiblement déterminés, reviennent à la charge après s´être repliés un moment. Ce sont là les scènes qui se sont répétées durant toute la journée de jeudi dans un décor, dont le moins que l´on puisse dire, est désolant. Les mêmes scènes sont décrites à Amizour, Adekar, Chemini et Akfadou à hauteur des brigades de gendarmerie locale.
Dans cette dernière localité, les hostilités qui n´ont rep redi soir, ont été déclenchées à l´occasion de la fête de fin de trimestre organisée par les lycéens. Un groupe de jeunes, étrangers au lycée, s´est introduit parmi les élèves pour les inciter à abandonner les festivités et s´adonner aux affrontements pendant plusieurs heures avec les gendarmes, dont la brigade est située à une centaine de mètres du lycée. L´intervention des délégués pour libérer le jeune, arrêté quelques minutes auparavant, a permis un retour au calme. La tentative d´éléments de relancer les émeutes dans la soirée a été vaine. A El-Kseur la colère est nourrie, depuis quelques jours, par l´interpellation et l´incarcération à la maison d´arrêt de Béjaïa des deux jeunes manifestants aux côtés de sept autres de la ville de Béjaïa.
A Akbou et Seddouk, les citoyens s´organisent devant la dégradation de la situation caractérisée par les agressions, vols et destruction des biens. Les coordinations locales, même si elles se défendent d´être derrière ces actes, sont tout de même montrées du doigt pour n´étre pas intervenues pour calmer les esprits. Partant de ce constat amer, des actions, tous azimuts, sont entreprises en concertation avec les coordinations locales pour mettre un terme à ces troubles. On signale dans ces deux localités plusieurs arrestations de malfaiteurs qui ont été présentés à la police. La ville de Béjaïa a retrouvé le calme depuis quatre jours. Seulement trois localités ont connu, hier, des troubles de très faible intensité.
Par ailleurs, les délégués des communes affiliées à la Cicb étaient, hier, en conclave à Tala Hamza pour débattre de deux points inscrits à l´ordre du jour: les modalités du rejet des élections et la reprise des émeutes.
Notons enfin que la circulation demeure difficile sur la Nationale 26 en raison des barricades dressées à plusieurs endroits. Le déversement des huiles de vidange sur une distance d´un kilomètre a été à l´origine de 15 accidents dont six véhicules ont été très endommagés et six passagers gravement blessés.