LARBAÂ
Le jour d’après
Cette petite ville de la Mitidja vit au rythme de la psychose terroriste.
L´explosion de la bombe au marché de Larbaâ suscite beaucoup d´interrogations. L´attentat a été combiné avec celui survenu le même jour à Azur-Plage et perpétré un 5 Juillet, date symbole de l´histoire de l´Algérie. Il intervient comme pour clore une spirale de violence qui s´est abattue sur la capitale et ses environs, faisant plusieurs morts dans les rangs des éléments des services de sécurité. Les terroristes, qui ont frappé au coeur d´Alger, ont choisi, pour le jour-anniversaire, d´endeuiller des dizaines de famille de Larbaâ. Au lendemain de l´attentat la population de cette ville martyre qui a vécu les affres du terrorisme, a enterré ses morts dans la tristesse et le recueillement.
Les citoyens de Larbaâ vivent, de nouveau, la psychose des bombes, s´interrogent sur les conditions de contrôle, de surveillance et de sécurité qui ont permis ce massacre. Tôt dans la matinée d´hier, la seule polyclinique de la petite ville a été assaillie par des proches des victimes. Beaucoup de blessés ont été évacués sur les hôpitaux de Zmirli, Mustapha-Bacha et Meftah qui ont connu, eux aussi, les mêmes mouvements.
Les premières mesures ont été, certes, prises immédiatement après le drame, notamment à travers la suspension du chef de sûreté de la daïra, mais les populations insistent sur le fait que la sanction «ne doit pas être l´arbre qui cache la forêt». Il y a nécessité de poser le problème dans toute son ampleur pour qu´un tel carnage ne se reproduise plus, dans cette ville considérée, jadis, comme le bastion du terrorisme.
Intervenant sur les lieux mêmes du drame, le chef de la 1re Région militaire, venu s´enquérir de la situation, a déclaré que cette attaque lâche et criminelle, était difficilement maîtrisable au plan militaire et nécessitait plutôt la conjugaison des efforts des responsables locaux, par le recours au renseignement. Ces derniers se défendent à leur tour en disant que leurs interventions sur le terrain rencontrent des problèmes liés à l´application des mesures de la concorde civile. Par exemple s´agissant de l´assainissement du marché fréquenté de façon illégale par des repentis, toutes les interventions précédentes avaient échoué, car elles butaient sur un refus catégorique des repentis eux-mêmes.
L´émir de l´ex-AIS, Kertali, approché par L´Expression, a déclaré en réaction à cette explosion que ses éléments «étaient effectivement visés, par les menées du nouveau chef du GIA, pour avoir déposé les armes». Il a, par ailleurs, confirmé les contacts avec les services de sécurité, mais a affirmé que ces derniers étaient strictement limités «aux problèmes d´insertion des repentis dans la société». L´ex-émir de l´AIS a indiqué que ses éléments faisaient face à deux problèmes: s´insérer dans la société et la menace de liquidation par les terroristes du GIA.
Toutefois, selon les témoignages recueillis, il existe des repentis qui ont rejoint le GIA, en les alimentant en informations et en moyens logistiques. A ce propos nous avons appris que deux repentis qui fréquentaient assidûment le marché, ont, comme par enchantement, disparu ce jour-là. C´est pourquoi le recours éventuel aux repentis pour apporter leur concours dans la lutte antiterroriste doit passer par une sélection des plus rigoureuses, insistent plusieurs citoyens de Larbraâ.