ORAN
Le maire lâché par ses pairs
«<I>Je paye pour mon soutien à Ali Benflis et à la direction légale du parti FLN</I>».
Le maire d´Oran vient de perdre ses soutiens et sa destitution serait imminente, selon bon nombre d´élus d´obédiences diverses. M.Djellouli, qui a été interrogé par la police, continue pour sa part de crier haut et fort qu´il est victime d´un complot ourdi par les partisans du président de la République. «Je paye pour mon soutien à Ali Benflis et à la direction légale du parti FLN», soutient le maire d´Oran.
Jeudi, des militants des deux bords du FLN (légalistes et redresseurs) et des élus se sont réunis à la mouhafadha pour exiger le départ de Djellouli, considéré comme un traître au parti et à la charte de l´élu. Plusieurs slogans ont été scandés par les nombreux présents parmi lesquels figurait le président de l´APW, pourtant considéré comme un partisan d´Ali Benflis.
Il y a quelques jours, l´Unja et l´Unfa avaient appelé à un rassemblement devant le perron de la mairie pour exiger le départ du maire. Cet appel, jugé déplacé et inopportun par bon nombre d´élus, n´a pas été suivi. Le coup est plutôt parti des rangs des principaux soutiens de M.Djellouli, qui lui reprochent d´avoir voulu donner à ses démêlés avec la justice une dimension politique en se présentant comme une victime du cercle présidentiel qui voudrait donner le poste de premier magistrat de la capitale de l´Ouest à un redresseur. «Ce scénario constitue une échappatoire pour le maire, qui a voulu détourner l´attention de l´opinion publique des graves faits qui lui sont reprochés», soutient un élu.
Parmi les griefs retenus contre lui, la passation illégale de marchés et l´annulation de délibérations de l´Assemblée communale.
Un vice-président dira que le maire a été convoqué et entendu par la police pour quatre affaires. «Il s´agit de l´annulation de la délibération portant majoration des loyers à 30% des boutiques du marché de tissu de M´dina Jdida, prise par l´APC RND. Djellouli a annulé cette délibération et fixé une augmentation de 10% pour permettre aux locataires de s´acquitter de leur retard. Il a été aussi interrogé sur l´affaire de la gare routière des Castors. L´ancienne APC avait loué cette infrastructure à une association de sourds-muets de la wilaya de Sidi Bel Abbès avant d´annuler la location. L´association avait porté l´affaire devant la justice et obtenu gain de cause. On lui reproche aussi la cession d´un kiosque, à Moulay-Abdelkader, à un privé. Cette cession, il l´avait par la suite annulée», dira-t-il.
Les avocats du maire, de leur côté, lui reprochent le fait d´avoir répondu aux convocations de la police. «La procédure a été entachée de plusieurs irrégularités. On ne convoque pas un maire comme on le fait avec un vulgaire voyou. Il jouit de l´immunité qui le met à l´abri de toute poursuite judiciaire. La loi prévoit la levée de l´immunité et la qualité d´officier de la police judiciaire par la justice avant de transmettre le dossier de la procédure à une juridiction en dehors de la circonscription dans laquelle il a été élu. M.Djellouli a obtempéré à une simple convocation, se mettant ainsi en position de faiblesse», dira un de ses avocats.
Il semble, selon bon nombre d´observateurs, que le maire d´Oran ne fasse pas de vieux os à la mairie. Ses jours comme premier magistrat de la commune sont comptés, et le compte à rebours a déjà commencé pour lui. Quittera-t-il l´hôtel de ville avant la visite du président prévue le 22 février?