FEMMES
Les cellules d’écoute en voie de disparition
L’Algérie est le premier pays arabe qui a diligenté une enquête sur la prévalence de la violence contre les femmes.
La protection de la femme algérienne est au coeur des débats. Le nombre d´organisations non gouvernementales et réseaux y activant est relativement timide. Pas assez subventionnés, leur disparition se profile à l´horizon. Mme Ighilahriz, militante de longue date pour l´«émancipation» de la femme, garde un brin d´espoir quant à la poursuite du combat mené depuis des décennies durant. Cette responsable du Fonds de développement des Nations unies pour la femme pense que son rôle est d´appuyer toutes les initiatives entamées. C´est ce qu´elle a déclaré, hier, lors de son passage à l´émission «Femmes et avenir» diffusée sur les ondes de la Radio Chaîne III. En effet, devant les difficultés financières rencontrées, nombre des ONG, centres d´écoute et réseaux vont disparaître. Les activités sont centralisées: la wilaya d´Alger rafle tous les projets inhérents à la construction de ce genre de cellules d´écoute. Dans ce cas, ce sont les femmes qui souffriront davantage. L´assistance et l´accompagnement de cette frange doivent être assurés. La responsable du Fonds de développement des Nations unies pour la femme (Unifem), en est convaincue. «Il n´y a que l´Etat qui peut le faire via la création des centres, des structures spécialisées et d´assurer le soutien juridique», a indiqué Mme Ighilahriz. L´Algérie est le premier pays arabe qui a diligenté une enquête sur la prévalence de la violence contre les femmes. Est-ce suffisant? La solution est ailleurs. Il sera plus judicieux de bien valoriser la gent féminine avant qu´elle ne subisse tous genres de violences. Interpellée sur le rôle de la formation de l´assistante sociale qui est en train de disparaître, l´invitée de la radio insiste sur la redynamisation de ce corps considéré comme un maillon capital dans l´accompagnement des femmes violentées. Intervenant au cours de l´émission, Fatma-Zohra Mebtouche, professeur à l´université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, estime que le vrai débat entourant la femme est celui de l´«héritage» et l´«esprit critique». Quant à Chérif Zahia, médecin de la santé publique, elle a estimé que les inégalités entre les deux sexe ne sont pas spécifiques à l´Algérie. Pour elle, «il faut inventer de nouvelles philosophies et de nouveaux systèmes politiques, pour que la femme trouve sa place réelle dans une société «machiste». L´avocate, Wassila Tamzali lie ce rôle accessoire de la femme au Code de la famille qui, selon elle, est adopté par des «intégristes», des «anti-femmes» et «anti-progrès». La femme vit dans une situation des plus pénibles. Des centaines, malgré leur souffrance, ont fini par comprendre que le silence n´est pas la solution la mieux indiquée pour se faire entendre. En moins d´une année, 7500 femmes ont subi des violences sexuelles. Si ces victimes ont décidé de sortir de leur mutisme inquiétant, c´est parce que le mal est profond.