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LE CNAPEST GELE LA GREVE

Les cours reprendront lundi

Le syndicat a décidé de suspendre le mouvement de débrayage à partir d’après-demain.

Le Cnapest gèle la grève des enseignants du secondaire à partir de cette semaine. Personne n´osera dire que c´est un non-événement. S´il y a un titre à mettre à la une, c´est bien celui-là. En contrepartie, et c´est important de le souligner, les pouvoirs publics ont promis de lever toutes les sanctions. Les lycéens, à la bonne heure, reprendront légitimement le chemin de leurs établissements. Ainsi donc, après plusieurs semaines de guerre d´usure, de surenchère, de bataille de communiqués, de manipulation, la principale organisation des enseignants appelle à la reprise des cours. C´est un bon signe. Mais de là à dire que le Cnapest a hissé le drapeau blanc, il y a un pas que nous ne franchirons pas ici. Car cette organisation, et quels que soient les bruits qu´on a fait courir sur sa politisation, c´est d´abord des pères et des mères de famille qui exercent ce métier avec passion, quoique dans des difficultés socioprofessionnelles croissantes. Les brebis galeuses, il y en a eu. Des groupuscules qui ont essayé de donner une dimension politicienne à un événement social, il y en a eu aussi, sûrement, mais qu´on ne vienne pas nous dire que, dans leur grande majorité, les enseignants partagent ces visées et ces calculs.
En brandissant dans les manifestations le slogan: «Pas de vacataires, pas d´année blanche», les lycéens ont voulu signifier leur volonté de ne pas rester indifférents et les bras croisés face à un événement qui les concerne de près, tout en refusant d´être les dindons de la farce. Ils ont également voulu signifier leur volonté de ne pas voir brader le capital expérience accumulé tout au long des décennies par des professeurs chevronnés. En effet, s´il y a un secteur où l´expérience n´a pas de prix, c´est bien celui du système éducatif. C´est au fil des années qu´on apprend à maîtriser sa discipline, à approfondir ses connaissances, à mieux connaître la psychologie des adolescents et le rythme auquel chaque élève assimile ses cours. Comment des vacataires frais émoulus peuvent-ils en quelques jours se mettre dans le bain et alors même que le milieu leur est hostile? Dans n´importe quelle institution, et là plus qu´ailleurs, les nouveaux doivent être à l´écoute de leurs aînés, tant il est vrai que l´enseignement est basé sur le respect de l´autre.
Dans toute cette histoire, c´est le droit de grève qui en prend un coup. Face à des revendications salariales dont personne ne conteste le bien-fondé, les enseignants du secondaire ont été confrontés à un problème de représentativité. Ils se sont heurtés à un mur. Les syndicats traditionnels, gagnés par la routine et par des privilèges à sauvegarder, ont fait le dos rond, jusqu´au jour où ils ont été «sollicités» pour négocier une situation dont ils ne sont pas partie prenante. De son côté, la tutelle s´est trouvée malgré elle piégée par des règles du jeu qui sont définies dans d´autres départements ministériels, notamment en ce qui concerne l´attribution d´un agrément à une organisation non reconnue. D´autant plus que le pluralisme syndical est consigné noir sur blanc dans la Constitution, loi fondamentale du pays, et par les conventions internationales signées par l´Algérie. Face à un tel dilemme, la tutelle ne savait plus s´il fallait continuer à négocier ou bien jouer la fermeté.
Ce dilemme a été résumé par un cadre du ministère par ces propos : «Le débrayage a coïncidé cette année avec le Ramadan, mois de la rahma, puis avec l´Aïd, fête religieuse qui pèse sur le budget des familles. De ce fait, toucher au salaire des enseignants aurait été de la part du gouvernement un acte répréhensible et inqualifiable. C´est la raison pour laquelle toutes les sanctions qui avaient été prises dès le début de la grève ont été purement et simplement annulées.»
Plusieurs facteurs se sont conjugués pour lier les mains de la tutelle et lui enlever toute possibilité de peser sur l´événement pendant des mois. D´abord, l´histoire de l´agrément, qui ne dépend pas de ses services, ensuite le mois du Ramadan, qui l´empêche de mener à leur terme les mesures préconisées, dont une augmentation de salaires, dite indemnité de qualification, appréciable et comprise dans le calcul de la retraite.
Il ne fait aucun doute que la radiation est une mesure extrême et son application aurait été une injustice inqualifiable vis-à-vis d´une corporation qui mérite considération et respect, pour le travail noble qui est effectué.
La part prise par les lycéens et les parents d´élèves dans le dénouement heureux de cette crise est à saluer. Car tant qu´il y avait le face-à-face grévistes-tutelle, le conflit semblait s´éterniser, mais l´entrée en scène des lycéens a rappelé à tout le monde qu´ils sont partie prenante de ce conflit social, le plus long que le pays a eu à gérer. Enfin, et malgré les chiffres qu´on fait miroiter, les investissements dans l´enseignement sont fort modestes.
Pour preuve, les enseignants sont sous-payés. Un taux d´échec au bac qui approche les 80 % et qui peut être considéré comme une honte. Des manuels scolaires qui n´ont pas à rougir des livres de propagande de Kim Il Sung. Il y a encore beaucoup à faire pour rendre à l´école algérienne son lustre d´antan.

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