L'Expression

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PRÉPARATIFS DE LA JOURNÉE DU CHAHID

Les enfants de Abane ignorent la lumière

Les lycéens n´attachent pas d´importance au remue-ménage de la salle des conférences du lycée Abane Ramdane de Mohammadia. Ils pressent le pas pour rejoindre les cours. Les surveillants ne savent pas non plus pourquoi la Télévision est venue. On regarde les gens étrangers au lycée monter l´escalier sans trop comprendre.
Dans la grande salle au-dessus, des adolescents bruyants s´agitent. On s´approche d´eux. Au hasard, on lance la première question: Qui est Abane Ramdane? Ils se regardent...«C´est un chahid», répond l´un d´eux. On rit. Alors? «C´est un moudjahid?». On ne sait plus.
On enchaîne: Que représente le congrès de la Soummam? On entend dès lors toutes sortes de réponses. C´est le congrès de la Révolution. C´est l´organisation des wilayas. C´est le congrès de la djabha, etc. Qui l´a organisé? Aucune réponse.
Garçons et filles s´interrogent des yeux. Ils ne savent quoi répondre. Que représente pour vous la Journée du chahid? Un garçon tente une réponse: «On ne sait pas à quel anniversaire on est». Il se tourne vers ses camarades: «Quand est-ce qu´a eu lieu la Journée du chahid?». On écarquille des yeux.
Alors, quelle signification donner à la guerre de Libération et aux moudjahidine? «Les hommes, les vrais, sont morts pendant la guerre», répond un lycéen sans hésitation. Cela voudrait-il signifier que ceux qui ont survécu ne le sont pas? «Non, mais il y a beaucoup de faux». En quelles proportions? Plus de 50%», répond l´un. «Moi, je dirais plus de 60%», ajoute un autre.
A qui la faute s´ils ignorent les données rudimentaires sur leur histoire? Les réponses fusent. A l´école on ne nous a rien appris sur la Révolution. Enfin, on nous inculque une histoire sans noms et sans lieux. Et puis, que fait la Télévision? Pourquoi la Télévision. Parce que nous regardons plus la télévision. On lit moins les journaux et on écoute encore moins la radio. C´est son rôle, la télévision doit le faire. Mais il y a des émissions qui sont diffusées lors des événements de commémoration. Une lycéenne intervient: «Nous avons quatre films sur la guerre. Voilà notre histoire». Quels films? Ils citent tous la Bataille d´Alger et Ali La Pointe. Ils oublient les trois autres. Tayeb El Houari, secrétaire général de l´Onec fait son apparition. Il trébuche sur l´estrade en provoquant des éclats de rire. Qui c´est? Il faut attendre la fin de l´hymne national pour le savoir. Il prend la parole. «Le chahid Abane Ramdane vous a laissé ce message: Si nous tombons en martyrs préservez notre mémoire». Il enchaîne par un discours standardisé, propre, aseptisé. Les enfants de l´indépendance se marrent. Tout à l´heure, l´un d´eux a dit: «C´est quoi ces cérémonies? Nous voulons des défilés, la liesse populaire comme en 1962. Il faut raviver la flamme de Novembre». Il a parlé comme un grand.

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