COOPÉRATION SÉCURITAIRE
L’expérience algérienne au Congress
Washington continue à alterner bons et moins bons points pour l’Algérie.
Aujourd´hui, jeudi, sera consacré à l´expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste. Le choix du thème, d´actualité brûlante aux Etats-Unis, a été proposé par le démocrate Edouard Rice, président du Conseil pour la lutte antiterroriste et la non-prolifération des armes nucléaires au Congrès et chargé des affaires africaines. Rice avait effectué récemment une visite qui l´a conduit tour à tour en Algérie, dans les pays du Sahel et dans les camps des réfugiés au Darfour soudanais, visite au cours de laquelle il avait eu loisir d´évaluer l´avancée en matière sécuritaire en Algérie, les menaces qui planent sur la bande sahélienne et les risques qui rôdent encore autour de la fragile paix au Darfour.
Hormis les congressistes, il est annoncé encore la participation de nombreux chercheurs et universitaires spécialisés dans les questions sécuritaires et les zones-tensions, notamment dans le Maghreb et les pays africains. Le Congrès américain et les responsables militaires s´étaient penchés auparavant sur La Bataille d´Alger, film qui retrace avec un réalisme poignant la lutte antiterroriste et les méthodes de la «guerre de guérilla» employées par les insurgés, phénomènes endémiques dans les guerres et les révolutions et qui ont intéressé au plus haut point, eu égard à ce qui se passe aujourd´hui avec la guérilla irakienne.
Les Etats-Unis donnent aujourd´hui l´intérêt qu´il faut à la lutte antiterroriste en Algérie, même si par le passé, ils ont été très critiques vis-à-vis de l´excès de recours à la répression pour mater l´insurrection islamiste, «dégâts collatéraux» qu´ils épouseront un à un depuis les attaques du 11 septembre 2001 et qu´ils porteront au paroxysme de la justification. Très réalistes, pragmatiques, les Etats-Unis dominés aujourd´hui par les chefs militaires, alternent le bon et le moins bons vis-à-vis de l´Algérie.
Si aujourd´hui, Condolezza Rice a affûblé l´Algérie d´une «avancée certaine et sérieuse en matière de sécurité et de pratique démocratique», il y a deux semaines, une «note de voyage» mettait en garde ses ressortissants désireux de se rendre au Sahara algérien qu´ils ont qualifié de «zone à risques», faisant grincer les dents des officiels algériens. La stratégie américaine en Afrique en général et au Maghreb plus particulièrement, repose sur deux postulats simples : économie et sécurité.
Pour le premier axe, le projet a tout défini : faire de l´Algérie une zone de libre-échange, de libre accès au commerce, balayer les barrières douanières et tarifaires. Le projet insiste sur la nécessité de travailler avec un Maghreb ouvert (Algérie, Tunisie et Maroc) non en procédant aux échanges avec chaque pays à part.
Pour le second axe, plus complexe, plus étendu, moins lisible et autrement plus insaisissable, l´aide militaire, la «mise à portée» par le biais d´adhésion aux forces multinationales (l´Otan dans le cas de l´Algérie), l´envoi d´experts militaires et du renseignement, le PPS (Plan pan-Sahel) etc. sont autant de moyens mis à contribution pour endiguer le phénomène de la violence résolument portée contre les Etats-Unis.
Pour le moment, la sécurité est plus importante aux yeux de Washington que n´importe quel projet économique. Les attaques du 11 septembre ont été pour l´administration Bush trop sévères pour être oubliées de sitôt. D´où toutes les restrictions mondiales actuelles en matière de libertés.