INTERPOL TRAQUE LES TERRORISTES DANS HUIT PORTS MÉDITERRANÉENS
L'opération Neptune touche Alger
L'Algérie, la France, l'Italie, le Maroc, l'Espagne et la Tunisie sont directement impliqués et leurs officiers dirigeront l'opération dénommée Neptune.
Interpol se déploie à grande échelle pour barrer la route aux terroristes. L'immense fichier détenu par l'Organisation mondiale de la police qui compte en son sein 192 pays, sera mis à la disposition des polices de la Méditerranée occidentale, histoire de débusquer les criminels, de retour de zones de combat en Syrie et en Irak. Dans son opération, jusque-là inédite, huit ports méditerranéens seront concernés. L'Algérie, la France, l'Italie, le Maroc, l'Espagne et la Tunisie sont directement impliqués et leur officiers dirigeront l'opération dénommée Neptune, sous la supervision d'Interpol, mais également de l'Organisation mondiale des douanes et de l'Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes (Frontex). L'importance des acteurs en charge de cette opération, fait ressortir son caractère stratégique et souligne par la même, un niveau appréciable de la coopération euro-maghrébine sous l'étendard d'Interpol. Des agents de cette organisation ont, ainsi, été dépêchés au niveau de l'ensemble des infrastructures portuaires ciblées par l'opération Neptune. La mission de ces «fins limiers» consiste à prêter main forte aux autorités locales de l'ensemble des pays impliqués dans l'opération, à détecter parmi les voyageurs, des profils de terroristes potentiels. Les experts d'Interpol, formés et expérimentés dans l'identification des terroristes, constituent la crème de ce que compte ce corps de sécurité internationale. De fait, s'il a fallu lancer un aussi vaste plan de détection, en y associant une grande expertise, c'est que des informations précises sont parvenues aux autorités de nombreux pays sur un projet d'attentat majeur ou tout au moins une stratégie terroriste de redéploiement dans les huit pays de la Méditerranée occidentale. La thèse ou les informations recueillies, font ressortir le fait que la période estivale, étant propice aux déplacements des nombreux touristes, il serait plus aisé pour des terroristes de se faufiler dans la foule et passer sans encombre les contrôles douaniers et policiers. Le communiqué d'Interpol qui fait état de l'opération Neptune, évoque ouvertement des menaces «que représentent les voyages des combattants terroristes étrangers empruntant les routes maritimes méditerranéennes entre l'Afrique du Nord et l'Europe du Sud, ainsi que les personnes, les trafiquants de drogue ou d'armes à feu». C'est dire que ce déploiement n'a pas valeur de test ou de manoeuvres, mais est effectivement destiné à empêcher ou tout au moins rendre difficile la circulation des terroristes entre les continents africains et européens. En une semaine d'opération, ce ne sont pas moins de 350 000 recherches dans les bases de données d'Interpol qui ont été menées à travers l'ensemble des points de contrôle. Les résultats obtenus confirment les craintes, à l'origine de l'opération Neptune. En effet, quatre combattants terroristes étrangers ont été identifiés. Au vu du potentiel risque que représente chaque terroriste, la «pêche» est jugée appréciable. Pour l'heure, outre le fichier international sur lequel travaillent les policiers et douaniers des huit pays ils focalisent également sur les passeports volés. Ces documents passent pour être un «atout majeur» pour la mobilité terroriste.
Cette opération, sans précédent dans les annales d'Interpol dans la région, se justifie amplement selon Patrick Stevens, directeur de la section contre le terrorisme, d'Interpol. «Alors que l'attention du monde sur la sécurité frontalière est largement centrée sur les frontières aériennes et terrestres, les menaces potentielles pour la sécurité maritime reçoivent moins d'attention», a affirmé le haut fonctionnaire. L'existence même de l'opération Neptune révèle que la question des combattants terroristes étrangers en déplacement «inquiète tous les pays membres d'Interpol, qui continuent de surveiller le départ et le retour de leurs ressortissants dans différentes zones de conflit», note le même responsable. Ce dernier souligne que la coopération policière régionale et mondiale «n'a jamais été aussi essentielle contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée».