HAMROUCHE, BENFLIS, BENBITOUR, ALI-YAHIA ET SADI SE RETROUVENT AUJOURD’HUI
L’opposition se réveille
L’université d’été du Rcd s’annonce sous le signe de la «rentrée» politique.
Terrassée par les résultats de la présidentielle du 8 avril, la classe politique semble frémir. Elle se réveille de sa longue convalescence à l´occasion de la tenue de l´université d´été du RCD prévue aujourd´hui à l´hôtel Matarès de Tipaza.
A en juger par le panel de personnalités conviées, le rendez-vous dépasse de loin le simple caractère de retrouvailles entre les déçus de la présidentielle du 8 avril dernier. Il est naïf de croire qu´Ali Benflis, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ahmed Benbitour, le général à la retraite Rachid Benyellès, Chérif Belkacem et Mouloud Hamrouche ainsi que Ali Yahia Abdennour, seraient que de simples figurants à cette université d´été.
On dénote ainsi, à travers cette initiative, une autre action à même de sauver la classe politique nationale désarticulée. Aussi, les observateurs y discernent les jalons d´un pôle politique qui incarnera une force de proposition et un réel contre-pouvoir. La «mayonnaise» a toutes les chances de prendre au vu de la conjoncture actuelle.
La rencontre n´est motivée par aucune échéance électorale, même si on est à une année et demie des élections législatives. Un éventuel pôle politique d´opposition est plutôt imposé par la conjoncture. Il y va même de la survie de ces partis surtout que la situation sociale s´annonce cruciale. En effet, en ce mois de septembre, de nombreux conflits seront portés au-devant de la scène sociopolitique. La Fonction publique a mis aux prises l´Ugta et le gouvernement, l´adhésion de l´Algérie à l´OMC, les réformes de l´Etat, de la justice, de l´école et surtout du code de la famille qui suscite déjà l´ire de l´aile islamiiste.
Habituellement, les partis politiques nationaux ne se concertent qu´à la veille d´une échéance électorale. Mais jamais, depuis l´ouverture politique qui a succédé aux émeutes d´Octobre, une alliance solide fiable et digne n´a vu le jour. Toutes les tentatives de rassemblement ont pratiquement échoué. Le groupe des cinq plus un, la convergence démocratique, le pôle démocratique et tout dernièrement le groupe des dix, n´ont été que des projets éphémères sans perspective et sans lendemain. En raison des luttes de leadership, d´un discours creux et empreint de démagogie, et ensuite à cause de l´absence d´un réel travail de proximité, les partis n´ont jamais retrouvé leurs repères ni leur dynamique dès le début de l´ouverture démocratique en 1990.
Sur un autre plan, le regroupement en pôle politique solide est imposé. Les remous opérés au sein de l´état-major militaire ont donné le signal à de profondes mutations de la pratique politique.
Le départ de l´ex-général-major Mohamed Lamari est expliqué comme étant la fin d´une époque durant laquelle plusieurs partis trouvaient leur compte. Chacun pour soi et l´armée est désormais pour tous ! Le ton a été donné par le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, samedi dernier, lors de la clôture de l´université d´été de son parti à Constantine.
Ouyahia a invité la classe politique à s´organiser pour constituer un contrepoids au pouvoir.
En réalité, cette mutation politique a été annoncée depuis longtemps. L´Alliance présidentielle, actuellement secouée de l´intérieur, avec toutes ses tares, est véritablement un exemple à méditer pour l´opposition qui se cherche dans un environnement de plus en plus contraignant. Cette alliance, rappelle, même de très loin, un fonctionnement à l´américaine. La doctrine y tient très peu de place, les considérations idéologiques ne jouent guère ; ce sont essentiellement des machines électorales destinées à capter les suffrages, à canaliser l´expression du corps électoral et à conquérir des places. Rien ne s´oppose donc à ce que le même parti inscrive à son programme, des revendications dissemblables si en retour, la défense de ses intérêts lui permet d´accéder au pouvoir.
Le MSP, au début foncièrement opposé à la réforme de l´école, cohabite avec le RND créé sous un ciel éradicateur...L´opposition va-t-elle revoir sa copie après tant d´échecs? Les mois à venir apporteront la réponse.