Nouveaux rebondissements

Hier, moins de 24 heures après l´annonce faite par la chaîne de télévision allemande ZDF, les autorités maliennes ont catégoriquement «démenti la présence sur leur territoire des quinze touristes européens enlevés dans le Sud algérien avec leurs ravisseurs». Le démenti a été fait par une source proche des services de sécurité maliens: «Au jour d´aujourd´hui, je puis vous affirmer que sur notre territoire, il n´y a ni les otages ni leurs ravisseurs». L´information avait été donnée la veille, vendredi, par cette chaîne allemande, qui citait des sources sécuritaires présentes sur les lieux. Pour rappel, des officiers européens, notamment allemands, se trouvent dans la région d´Illizi depuis plus d´un mois afin de suivre de près les opérations de recherches des touristes disparus et, croit-on savoir, dans le but de tenter de prendre langue avec les terroristes du GSPC afin de négocier quelque éventuelle rançon. Celle-ci, selon des indiscrétions, aurait été estimée à quelque 30 millions d´euros. Les observateurs s´étaient demandés, hier, pourquoi les ravisseurs et leurs otages avaient préféré parcourir pas moins de 700 kilomètres à pied par cette saison particulièrement hostile pour rejoindre le territoire malien alors qu´ils se trouvaient à proximité des frontières libyennes. Pourtant, les autorités de Tripoli s´étaient maintes fois montrées disponibles à jouer le rôle d´intermédiaire dans cette affaire. Une visite-éclair du Président Bouteflika menée en Libye aurait eu pour unique objet les modalités pratiques de règlement de cette affaire. Bouteflika, lors de son déplacement, en effet, était accompagné par de hauts officiers des services de sécurité algériens, qui avaient à cette occasion rencontré leurs homologues libyens. Les observateurs, dès lors, s´attendaient à tout moment à voir l´annonce d´un règlement définitif de cette affaire. Pourtant, il n´en a rien été. L´affaire est allée de rebondissements en rebondissements jusqu´à la question malienne et le démenti de Bamako.
Les supputations les plus folles demeurent toutefois permises. En effet, le Mali a bien pris le soin de ne démentir qu´à travers une source sécuritaire anonyme. Un peu pareille à celle qui avait «balancé» l´information sur les ondes de la chaîne allemande. Outre les membres des services secrets algériens présents en force au Mali depuis quelques mois déjà, les correspondants locaux de l´AFP se montrent formels en indiquant «la présence à Bamako d´un haut personnage allemand dont l´ambassade n´a pas souhaité donner l´identité». Le démenti, donc, peut être intervenu dans le but de ne pas faire capoter d´éventuelles négociations en cours dans le cas où les touristes et leurs tortionnaires se trouveraient bel et bien en territoire malien. Sinon, force nous serait d´admettre que l´affaire est revenue à son point de départ alors que les dix touristes allemands, quatre Suisses et un Néerlandais sont les otages de ce groupe terroriste depuis près de cinq mois et que leurs chances de survie s´amenuisent chaque jour qui passe.