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RETOUR SUR LES LIEUX DE L’ATTENTAT DU COMPLEXE DE ZERALDA

Remous dans l’eldorado de la mafia?

Derrière la fusillade au complexe de Zéralda se profile notamment la piste mafieuse. Règlement de comptes entre clans mafieux ou énième opération des groupes terroristes? Dans une région où sexe, drogue et corruption sont roi, toutes les conjectures sont possibles.

Un retour sur les lieux de l´opération qui a ciblé le bar-restaurant le Tennis Club de Zéralda dans la nuit de mercredi dernier, a permis de voir se profiler de nouvelles pistes quant aux mobiles de cette attaque. De nouveaux éléments viennent ainsi renforcer la thèse du règlement de comptes sous le couvert d´attentats terroristes. Les deux individus, qui avaient mené cette opération, avaient soigneusement ciblé leurs victimes, soit les clients du bar-restaurent assis à la première table de la deuxième terrasse, avant de pointer les feux croisés de leurs kalachnikovs sur le reste des présents. Les deux victimes étaient, selon des témoins sur place et des habitués des lieux, deux jeunes hommes versant dans le commerce et le «t´bezniss». L´un d´eux, natif de Koléa, était installé en Italie et était connu pour ces activités fort lucratives. Le second fait partie d´une grande famille d´El-Harrach réputée sur la place d´Alger pour être l´une des plus importantes du milieu de la capitale. Les assaillants avaient, selon de nouvelles informations, garé leur voiture dans un parking des environs. «Ces gens-là connaissent bien le terrain», nous dit ce commerçant dont l´établissement jouxte le Tennis Club. «Il faut dire qu´il y a trop de consommation d´alcool et trop de prostitution dans les parages», constate notre interlocuteur. Un employé d´une cafétéria du voisinage évoque, quant à lui, les agressions trop fréquentes dans la zone et aux environs immédiats du complexe. «Beaucoup de gens qui fréquentent l´endroit le soir sont armés», confie-t-il. Et de lancer avec une note d´ironie dans la voix: «Il n´y a que les zawaliya qui n´ont pas d´armes». Mais la piste d´un règlement de comptes entre clans mafieux est sérieusement mise en difficulté de crédibilité par le crime crapuleux qui, la même nuit, avait coûté la vie à un couple dans une voiture sur une route déserte non loin de la plage. Cet acte, de par ses victimes, un homme et une femme dans un endroit isolé la nuit, et les mutilations qu´a subies la femme, porte la signature d´un groupe terroriste islamiste. Cette diversion a retardé l´intervention des gendarmes dont le poste est à quelques centaines de mètres du lieu de la fusillade du Tennis Club. En outre, un témoin s´interroge: «Cela ne ressemble pas à un attentat terroriste. S´ils voulaient frapper le tourisme, pourquoi ne pas avoir opéré en plein août au lieu d´attendre la fin de la saison?». La question reste posée.
Prostitution, alcool, drogue et gros calibres, la région ouest de la côte algéroise arbore des airs d´un Chicago des années 30 transposé dans cette zone touristique où les résidences d´Etat font ombrage, par leur arrogance, aux bicoques misérables des domaines agricoles et les douars abandonnés depuis Mathusalem. Dans cette même zone, des quartiers résidentiels ont vu le jour durant les années noires du terrorisme. Une virée dans Bouchaoui II, nous révèle que cette discrète concentration de villas somptueusement parées cachées aux confins de la forêt du même nom, prend l´allure d´une cité interdite aux regards curieux et aux contrôles du fisc. Le terrain a été cédé en 1997, du temps des DEC et de la pression terroriste. «Certains ont acquis des lots en seconde et même en troisième mains», nous apprend ce vieil homme rencontré au hasard de notre «promenade». Un trafic foncier s´est développé dans cette région au rythme de complaisances de toute part. Mais cet eldorado est aussi réputé pour un tout autre négoce: la poudre, El ghoubra, la coke. Il y a un an, les services de sécurité avaient opéré une descente dans ce quartier, où les pourvoyeurs de cocaïne ravitaillaient les golden boys de la capitale qui venaient «s´éclater» sur la côte de tous les plaisirs, à raison de 6000 à 8000 DA le gramme. L´enquête des services concernés a révélé que ce sont des immigrés africains clandestins qui assuraient les négociations et la vente au détail. Ce réseau faisait partie d´une vaste toile qui s´occupait d´acheminer la «marchandise» des pays de l´Afrique noire vers l´Europe et les Etats-Unis et dont l´Algérie, via principalement ses frontières Sud, était un grand point de transit...
De Chéraga au Mont Chenoua, les rivages de la côte ouest d´Alger pullulent de ces endroits de luxure où l´argent sale a bien une odeur. A Douaouda Marine, et plus précisément au niveau de la plage Colonel Abbas, particulièrement fréquenté par les estivants, les affaires du foncier menacent d´éclater au grand jour. La fameuse boîte de nuit située à l´entrée de la plage en est l´exemple frappant puisque aucun papier légal n´a accompagné sa construction. Entre 1993 et 1998, les cabarets clandestins, haut lieu de la prostitution et de rixes nocturnes particulièrement dangereuses, étaient tolérés par les autorités locales. Le pillage du sable sur cette même plage et les agressions et vols à la tire trop fréquent n´ont pas autrement ému les responsables sécuritaires et administratifs locaux. Et les exemples sont légion dans cette région dont d´inexpugnables barons ont fait leur retranchement et leur repos du guerrier. Les opportunités dans le domaine touristique attisent les tentations d´initier des projets qui ne sont, en fait, qu´une occasion rêvée de blanchir l´argent amassé durant la guerre.
La mafia a encore de beaux jours devant elle. Mais jusqu´à quand?

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