CHAKIB KHELIL A PROPOS DES CONTESTATIONS A OUARGLA
«Sonatrach ne fait pas dans la ségrégation»
Le ministre de l’Energie et des Mines renvoie la balle aux bureaux de main-d’oeuvre.
«Je démens qu´il y ait une quelconque ségrégation dans les opérations de recrutement au niveau des sociétés pétrolières. Nous sommes tous des Algériens.»
C´est la réponse de M.Chakib Khelil, ministre de l´Energie et des Mines, aux centaines de manifestants qui ont investi la rue de la ville ces deux derniers jours, pour dénoncer l´exclusion et le favoritisme dans les recrutements au sein des entreprises pétrolières du grand Sud algérien.
Approché en marge de la visite de Bouteflika dans la wilaya, ce dernier est allé jusqu´à contester les statistiques des autorités locales qui stipulent que 80 % du personnel exerçant dans les compagnies pétrolières sont originaires du Nord. «Il faut d´abord vérifier ces chiffres», a-t-il déclaré avant d´ajouter: «Pour ma part, je confirme que l´avantage dans le recrutement est donné aux jeunes de la ville». Une instruction ministérielle a été élaborée en 2001 pour donner la priorité aux compétences locales, ajoute-t-il. Chakib Khelil, qui a refusé de parler de politique de quotas, renvoie la balle aux bureaux de main-d´oeuvre gérés par le ministre du Travail.
«Les offres d´emplois passent inévitablement par ces bureaux chargés de les trier. Sonatrach n´assume aucune responsabilité». Il a appelé dans ce sens à la réorganisation des bureaux pour la meilleure gestion des dossiers. Et pourtant, la veille, un responsable local n´est pas allé par quatre chemin pour désigner du doigt «l´administration de Chakib Khelil qui n´a rien fait pour améliorer la situation».
Dans le même chapitre, il a fait savoir que Sonatrach ne peut régler seule le problème du chômage en Algérie. «Les autres secteurs, comme l´industrie, l´agriculture, doivent se mettre de la partie et contribuer au processus de développement du pays.»
Notons que dès 2001 les Ouarglis avaient soumis la question du recrutement au président qui se trouvait en visite dans la région. En 2002 aussi, les mêmes contestations ont été enregistrées au niveau de Laghouat. La réponse du président était claire «Il n´y a pas que Sonatrach en Algérie.»
En 2004, la contestation prend la forme d´émeutes qui risquent sérieusement de prendre des tournures graves. Quelle sera la réponse de Bouteflika, désormais candidat, aux «insurgés» du Sud?
Notons enfin que la principale ressource énergétique du pays se trouve dans le sous-sol de la wilaya de Ouargla. Les hydrocarbures sont tirés de structures géologiques favorables aux dépôts sédimentaires. La plus grande zone d´accumulation est la région de Hassi Messaoud, où l´exploitation a commencé en 1956. Depuis, de nouvelles découvertes ont succédé dans les multiples zones pétrolières réunies dans les régions de Gassi Touil Berkaoui, Rourd El Baguel, et le bassin de Hassi Messaoud qui a des réserves estimées à 900 millions de tonnes récupérables. En dépit de cette richesse, seulement trois des 21 communes de la ville sont alimentées en gaz naturel.