PRESIDENTIELLE 2004 «MANIFESTE POUR L’ALGERIE» DU DR AHMED BENBITOUR
Une autre période de transition
Politiquement révolté, socialement attristé, l’ancien chef du gouvernement lance un appel à cet Algérien oublié.
L´ex-Premier ministre le Dr Ahmed Benbitour, vient de rendre public un «Manifeste pour l´Algérie» qui, dans son contenu analyse la situation actuelle, traversée par une crise multidimensionnelle et propose une vision globale de sortie de ce marasme morbide dans lequel l´Algérie est plongée.
Tout de go, le Dr Benbitour explique le pourquoi de ce manifeste qui «ne se veut point un programme dissimulant une quelconque ambition politicienne démesurée, mais plutôt, une action d´aiguillage et/ou un tableau de bord pour l´avion-Algérie longtemps cloué au sol, afin de lui permettre cette fois-ci, une véritable opération de sauvetage». Pour l´ex-Premier ministre, fort informé des rouages et du fonctionnement du système: «La nation traverse une situation des plus graves caractérisée par quatre crises concomitantes qui s´alimentent mutuellement, aggravant dangereusement la vie quotidienne des citoyens».
Ainsi, si le pays ne bascule pas, à l´occasion de l´élection présidentielle 2004, dans «une véritable transition démocratique» à l´image des pays ayant connu les sévices des partis uniques, dictatures ou guerres civiles, «l´Algérie empruntera définitivement les chemins de la division, de la décrépitude et de l´inconnu», lance le Dr Benbitour.
Concernant les partenaires du manifeste, il s´adresse avant tout aux «fils de l´Algérie», «aux partis politiques» toutes tendances confondues, à «l´institution militaire», à «la société civile», et aux «éventuels candidats» à la magistrature suprême. Tous ces partenaires sont les «catalyseurs d´un élan national nouveau pour une transition polico-économique intelligible empreinte de discipline et de transparence, sous réserve d´une vision globale et concordante», écrira l´ex-Premier ministre.
Ainsi, à travers la philosophie du manifeste, il se dégage quelques modalités pratiques pour lancer un véritable débat national sur les démarches à suivre pour éviter au pays les risques d´affrontements partisans, claniques ou régionalistes.
Ainsi, «la crise est multidimentionnelle et sa résolution ne peut être que multipolaire» indique le Dr Ben-bitour. Par conséquent, le manifeste propose l´ouverture de consultations entre les différents partenaires de la transition. Celles-ci portent sur «la définition consensuelle de la transition démocratique de la transition et la consolidation de l´Etat républicain», de «la consécration du principe de l´alternance au pouvoir et le respect absolu de la Constitution» et enfin «la mobilisation de toute la société dans cette nouvelle dynamique, à travers les mass-médias et la préparer aux véritables enjeux de la transition».
Toute cette stratégie porte sur l´inscription de cette transition ainsi définie dans le temps. Dans ce cadre, le «Manifeste pour l´Algérie» retient deux périodes bien distinctes. De 2004 et 2005, l´action touchera à «l´endiguement des crises» et ce, par la mise en place d´un vaste programme de bonne gouvernance, basé sur la participation égale et le traitement égal, ainsi que la transparence et la contestabilité, afin de réduire l´écart entre gouvernants et gouvernés.
La deuxième échéance qui va de 2005 à 2009, portera sur «l´achèvement des transitions» et ce, par la mise en place d´un système politique qui obéira aux règles de «ne plus jamais conduire à un monopole du pouvoir et au détournement de l´Etat au profit d´intérêts privés», de «privilégier les règles de l´élection sur les règles de la cooptation et de la fraude», «d´écarter les dangers des clans, des corporations ou tribaux», «se prémunir contre les violations des droits de l´Homme», «mettre en place les mécanismes de l´alternance» et enfin «prendre sérieusement en charge les grandes questions culturelles et politiques».
En définitive, le «Manifeste pour l´Algérie» du Dr.Ahmed Benbitour reste un programme «idéal» car de tels objectifs tracés, le dialogue institué et les débats provoqués se feront sur des bases objectives et mesurables et la compétition politique se fera dans la transparence et l´intégrité.