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CONSTANTINE

La stratégie clonage et ses avatars

La Ville des ponts sera une fois encore absente de l’élite du football pour la saison 2003-2004.

La chute du Mouloudia Ouloum Constantine en deuxième division, l´échec du Chabab Sakhr Cirta dans sa tentative d´accéder en division nationale attestent du marasme profond que vit le football constantinois, incapable de produire des formations compétitives au plan national. Il faut bien convenir que les titres de champion d´Algérie remportés par le MOC et le CSC, respectivement en 1990 et en 1996, n´auront été qu´un accident dont le football est coutumier. Ces distinctions des clubs constantinois n´ont pas été le résultat d´un travail méthodique et d´un programme à long terme, mais beaucoup plus d´un concours de circonstances qui mit de façon éphémère ces clubs sur le devant de la scène footbalistique. De fait, le «Chabab» devait redescendre en D II sitôt l´année qui suit son couronnement, alors que son antagoniste universitaire nageait dans le ventre mou du championnat national...Aussi, peut-on se demander s´il existe encore à Constantine un esprit d´équipe et de sacrifice, lorsque le «business» prend, de manière durable, le pas sur l´amour des «couleurs», qui a constitué par le passé la force des clubs à Constantine?
Il est vrai, en revanche, qu´aujourd´hui le MOC et le CSC ne sont que des pâles copies, en fait de simples clones, des équipes, homonymes, qui ont fait la fierté des Constantinois. Mais où sont les CSC et MOC d´antan? Les actuelles formations, ne sont en réalité que les avatars du Mouloudia Olympic de Constantine et du Club Sportif Constantinois, qui ont été emportés par le vent de la réforme sportive de 1977 à laquelle ils n´ont pas survécu, conséquence de la tentative, avortée, de les fusionner. Un mariage contre nature refusé par le Tout-Constantine sportif. En effet, qui aurait eu l´idée saugrenue de «fusionner» le MCA et l´USMA, le MCO et l´ASMO, ou l´USMS et l´ESS, associations aussi mythiques que le sont le CSC et le MOC historiques? Et cette idée «géniale» de vouloir «marier» les «Khodora» clubistes aux «Bouyoudha» mocistes a donné le coup de grâce à ce qui restait du football à Constantine. Outre le CSC et le MOC, «historiques», des écoles à l´instar de l´USH Constantine, (club omnisports des Hospitaliers qui avait produit de grands champions d´Algérie en boxe notamment) de l´OM Constantine, de l´ES Sidi Mabrouk, singulièrement, ont ainsi disparu à jamais. En vérité la césure du football constantinois s´est faite à cette époque et jamais plus, le jeu à onze n´a retrouvé ses repères dans la ville des Ponts, annihilé qu´il a été par une réforme mal comprise et surtout mal appliquée. Le drame pour Constantine est que son football toucha le fond au moment où elle pensait avoir renoué avec l´élite cette année-là (1977) lorsque le doyen des clubs, le CSC, rejoignit le MOC en division nationale. Or une autorité - laquelle? - décida qu´une ville de la dimension de Constantine n´aura désormais que deux clubs, imposant la fusion du MOC et du CSC (tous deux pensionnaires en 77/78 de la Division 1) et rassemblant en une seule association la vingtaine d´équipes qui activaient dans la ville et sa périphérie. Du jamais vu! En lieu et place des deux grands clubs constantinois apparut un intrus dénommé «CMC» accompagné d´une association communale «ABC». Le club hybride, dénommé Chabab Mécanique Constantine, CMC, qui n´a été ni représentatif du football constantinois, ni reconnu par les supporters clubistes et mocistes, végétera en nationale Une où il fera de la figuration tout au long de sa courte existence.

Le coup de pouce de l´Etat

Le CMC est resté un club étranger jamais adopté par Constantine. Même les couleurs du CMC, orange et bleu, détonaient dans une ville où le vert et noir d´une part, le bleu et blanc d´autre part, faisaient chavirer les coeurs. Si partout ailleurs la réforme sportive a été accueillie comme un progrès, elle a été, en revanche, une régression et une véritable catastrophe à Constantine où une vingtaine de formations de la ville et sa banlieue ont été dissoutes et regroupées sous la férule d´une seule formation Amel Baladiate Constantine, ABC. Ailleurs dans le pays, la réforme a été appliquée avec intelligence et souplesse, tenant compte des spécificités des formations en lice, les clubs conservant leur ossature sportive, et même leurs couleurs originales, lorsque plusieurs associations sont regroupées sous un seul sigle (voir l´exemple typique à Alger, celui de l´IRB El-Biar qui regroupa les clubs de la JSEB, ´IRBEB A´´, de l´Entente d´El Biar ´IRBEB B´´, de l´ES Ben Aknoun ´IRBEB C´´, et du NR Dely Ibrahim ´IRBEB D´´). Il n´en a pas été ainsi à Constantine où un vent de folie a supprimé et éliminé tout ce qui avait existé avant la réforme.
Un vrai naufrage du football dans la ville du Rocher ! Bab El Oued, Souika, Arbaïn Chérif, Sidi Jellis, Bab El-Jabia se sont retrouvés soudain orphelins de leurs clubs favoris. Sa traversée du désert aura été aussi longue que sa plaie longue à cicatriser. Constantine a disparu ainsi du football d´élite algérien sans susciter de réactions ou réellement inquiéter les sportifs ou les autorités sportives.
Ce n´est qu´en 1983, que l´Etat donnera un coup de pouce à une résurrection du football dans les grandes métropoles de Constantine et de Annaba par la décision d´un Conseil interministériel - sur proposition des ministères de la Jeunesse et des Sports et de l´Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique - de créer quatre associations sportives universitaires de compétition, ASUC, au niveau des quatre grandes villes universitaires du pays. Ainsi naquirent le Riadha Jamiâ Al Djazaïr, RIDJA puis RIJA, ( en réalité héritier du club universitaire, le Racing universitaire d´Alger, RUA), le Club Sportif universitaire d´Oran, CSUO, (évoluant à l´époque en division d´honneur) l´Université sportive Moustakbal Annaba, (USMAn) et l´Amel Jamiâ Constantine, (AJC). En réalité la mesure concernait en priorité Constantine et Annaba, absentes du football d´élite, car les équipes universitaires d´Alger et d´Oran avaient une existence légale et participaient aux compétitions sportives nationales.
Ces quatre formations ont été directement versées dans la division nationale deux, saison 1983-1984. Aussi, est-ce un hasard si seules les équipes universitaires de Constantine et de Annaba - reprises, peu ou prou, par des personnes extérieures à l´université - survécurent au haut niveau. Annaba réussissant même l´exploit de rejoindre l´élite dès 1984, une année après sa création. Faut-il relever aussi que les Annabis, histoire de conjurer le sort, ont repris le sigle abandonné par la glorieuse USMAn, l´un des premiers champions de l´Algérie indépendante en 1964, (devenue en 1969 le Hilal Amel Mostakbel Riadhi de Annaba - Hamra Annaba - après l´arabisation des sigles).
A l´instar du CMC qui végétait dans les profondeurs de la D2, le nouveau pensionnaire constantinois, l´AJC, ne fera pas mieux, les «Universitaires» tenant compagnie, dans les mêmes loges, aux «Mécaniciens». Morose, le football constantinois est brutalement réveillé par le retentissant exploit d´une équipe d´entreprise, le CREC, qui arriva en finale de la coupe d´Algérie en 1985 De fait, ce grand exploit sportif d´une petite équipe de Constantine va catalyser les énergies et bouleverser la donne footbalistique locale.
Brusquement sortie de l´anonymat, une équipe d´entreprise, inconnue jusqu´alors du monde sportif, évoluant de surcroît en division d´honneur, le Chabab Riadhi Ecotec Constantine, (CREC, Moukawalloun Bina Kasseentina), allait déclencher le sursaut salvateur en gagnant, en 1985, le droit de rencontrer le grand Mouloudia d´Oran, MCO, en finale de la coupe d´Algérie.
Un exploit unique dans les annales du football algérien et qui n´a plus été renouvelé par des équipes des paliers inférieurs. C´est ainsi que les ´Bâtisseurs´´ constantinois jouèrent un rôle clé en déclenchant l´onde de choc qui allait avoir des retombées inattendues et permettre la résurgence du football à Constantine.
De fait, l´exploit du CREC redonna espoir et ambition aux équipes de Constantine qui tentèrent alors de renouer avec le passé en commençant par récupérer des sigles, quelque peu défraîchis certes, mais qui restaient très chers au coeur de tous les sportifs constantinois.
De fait une large entreprise de clonage est mise en route dans l´objectif de fructifier le sursaut induit par le CREC. Ainsi, le moribond CMC est pris en charge par d´anciens dirigeants clubistes qui entreprirent de secouer sa léthargie et de le faire revenir à la vie par une opération de clonage lors de laquelle il le font se défaire de ses oripeaux pour lui faire endosser ceux du défunt CSC, un sigle historique et mythique, presque tombé en désuétude.
Arabisation oblige, en 1970-1971, après l´éphémère NRK (Nadi Riadhi Kassentini), la difficulté fut contournée avec cette appellation un peu baroque de Chabab Sakhr Cirta, (littéralement Jeune Rocher de Cirta, il faut le faire pour un rocher séculaire, mais qui a le mérite de restituer le sigle magique de CSC). Ainsi eut lieu la résurrection du CSC, plus communément appelé «Chabab Constantine». Pour la petite histoire, les supporters clubistes n´étaient pas encore les «Sanafirs», mais leur logo était l´allégorique piment vert et leur cri de ralliement avait la devise très évocatrice «Qui s´y frotte s´y pique, (Eli Har-Har)».
N´étant pas en reste, l´AJC ne tarda pas à suivre l´exemple en se donnant un nouvel habit reprenant l´autre sigle mythique, celui de MOC, Maâhad Ou-loum Constantine (que l´on peut traduire par Instituts des sciences de Constantine) relooké ensuite en Mouloudia Ouloum Constantine.
L´essentiel n´était-il pas en fait de renouer avec l´espoir, censé (re)venir à travers ces effluves, ou plutôt appellations d´antan? Et voilà donc le MOC et le CSC, certes «clonés», mais ressourcés, de retour. Pour la bonne cause? Voir!
Entre-temps, loin des lumières de l´actualité, des anciens du MOC historique avaient pris les devants en reprenant en main l´ABC, rebaptisée Mouloudia Baladiate Constantine (MBC), c´était en 1979 juste deux ans après la réforme.
Le MBC, qui évolue depuis des années en division 3 (régionale I, mais rate régulièrement de peu l´accession en division supérieure), se pose comme le possible troisième pôle de développement du football à Constantine pour peu que les autorités municipales se donnent la peine de le suivre et de l´aider réellement.
L´actuel club universitaire se revendique du MOC historique, toutefois, si héritage il y a, le seul héritier présomptif des «Olympiens» du MOC pourrait être, à la rigueur, le MBC. De fait, c´est dans cette perspective que l´ancien président du Mouloudia Ouloum Constantine, Abdelhak Demigha, a vainement tenté, ces dernières années, de faire fusionner les deux clubs, (MOC-MBC), en vue justement de donner aux universitaires la légitimité mociste qui leur fait défaut, légitimité, vraisemblablement, apanage du Mouloudia de Constantine (MBC). Car, autant le CSC peut, sous réserves, se réclamer du CSC historique, autant le MBC est le seul, à la limite, à pouvoir se revendiquer de l´antériorité du MOC historique.

MBC-MOC ou la quête de la légitimité mociste

L´AJC version «MOC», appartient, comme personne ne l´ignore, à l´Université, et ne peut, a fortiori, avoir des liens avec le passé olympien, à part l´emprunt du sigle. En effet, des confrères, mal informés, sans aucun doute, ont laissé croire, (lors des demi-finales de coupe d´Algérie, MOC-CRB), que les Constantinois postulaient à leur quatrième finale de coupe. Ce qui ne pouvait être le cas puisque l´actuel MOC, dont la création remonte, comme on l´a vu, à 1983, ne peut, raisonnablement, revendiquer des participations à des finales ayant eu lieu en 1964, 1974 et 1975.
C´est cet arrangement à réécrire l´histoire, pour les besoins de la cause, qui crée des amalgames malencontreux, qui font que le football constantinois actuel vit dans l´ombre d´une gloire ancienne, par nombre de points surfaites, qui n´est pas la sienne, oublieux que seul le travail en profondeur, et sur le long terme, permettrait de construire, ou reconstruire, des fondations solides à un sport aujourd´hui en déperdition où le premier venu, se prend pour l´homme providentiel, le sauveur, du football à Constantine.
Ce sont ces errements qui ont fait que Constantine, toujours malade de son football, se trouve recalée et ses clubs invités à refaire leurs classes.
Mais ne vaut-il pas mieux perdre cinq années, et rester autant de temps que nécessaire dans l´antichambre de l´élite, afin de construire de grandes équipes à même de tenir leur rang en Division nationale, que de continuer à faire illusion et l´ascenseur entre les divisions?
Qui veut la fin, veut les moyens. Sans doute que, sportivement, les deux clubs ont les moyens de réintégrer, dès cette saison, la DI, cependant, affirmer jouer l´accession, dans les conditions qui sont celles du CSC et du MOC de 2003 est peu réaliste et peu crédible et s´apparente à une fuite en avant au vu des moyens - financiers, structurels, administratifs ou matériels-, dérisoires, sinon inexistants, qui, à tout le moins, font que ces clubs ne répondent pas aux critères de la performance, ni ne sont à même de leur permettre de concrétiser des ambitions qui restent actuellement hors de portée et aussi hors de prix pour les gérants des équipes constantinoises.
Aussi, que MM. Khatabi et Zeghdoud, qui sont d´anciens sportifs et des gens sérieux, (Nabil Zeghdoud a débuté sa carrière à l´AJC et Ali Khattabi a réalisé la sienne au CSC de la grande époque), prennent le temps nécessaire pour reconstruire de vraies associations dignes du Rocher, capables de se maintenir parmi l´élite du football national, ce qui est au demeurant l´unique gage à même de redonner à Constantine sa dimension sportive aujourd´hui perdue.

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