La marque qui triche

Après l´affaire des mass dumpers qui remonte à 2006, voici que Renault se retrouve encore une fois, dans le collimateur de la FIA. En effet, après avoir utilisé les mass dumpers, un système que cette firme a inventé et qui avantage ses bolides en faisant office de troisième amortisseur, voici Renault qui fait l´objet de lourdes suspicions dans l´affaire du Grand Prix de Singapour - Renault a triché un certain temps avec ce système, définitivement interdit par la FIA - semble renouer avec les frasques en se distinguant par de subtiles combines qu´il échafaude dans les compétitions.
C´est du moins ce qu´attestent les récentes révélations sur le GP de Singapour 2008. Dans cette épreuve sportive, Nelson Piquet Jr avait embouti un mur, et l´entrée de la voiture de sécurité avait permis à son coéquipier Fernando Alonso de s´imposer lors de la course. Une enquête porte désormais sur les raisons de l´accident de Nelson Piquet Jr, qui serait parti dans le mur volontairement pour permettre ce scénario. Des témoignages, notamment de l´intéressé, auraient révélé la mise en place de ce plan par Flavio Briatore pour permettre la victoire du double champion du monde. Nelson Piquet Jr, évincé de Renault il y a quelques semaines, a sans doute davantage de facilité à se confier maintenant qu´il ne cohabite plus avec le directeur de l´écurie franco-britannique.
Durant le Grand prix de formule1 de Singapour, le 28 septembre 2008, Flavio Briatore qui est à la fois mon manager et le responsable du Team Renault F1 et Pat Symonds, le directeur technique, m´ont demandé d´avoir un accident en vue d´influencer positivement le résultat de l´écurie dans cette course. J´ai accepté cette proposition de heurter le mur et d´avoir un accident entre les tours 13 et 14. Cette proposition m´a été faite peu de temps avant la course, dans le bureau de M.Briatore. M.Symonds, en présence de M.Briatore, m´a demandé si j´accepterais de sacrifier ma course pour le team «en causant la sortie de la voiture de sécurité».
Cette déposition a été faite par Nelson Piquet au siège de la Fédération internationale de l´automobile le 30 juillet dernier et a été largement reprise dès le 10 septembre dernier. Immédiatement après, Flavio Briatore et Renault qui ont été ainsi poussés à réagir ont déclaré: «La FIA a annoncé qu´elle tiendrait une réunion extraordinaire du Conseil mondial du sport automobile le 21 septembre 2009. L´écurie Renault F1 participera à cette réunion et répondra aux allégations, selon lesquelles des membres de l´écurie se seraient mis d´accord avec Nelson Piquet Junior afin de causer délibérément un accident lors du Grand Prix de Singapour 2008, suscitant la sortie de la voiture de sécurité au bénéfice de Fernando Alonso.»

Pour sa part, le constructeur français vient d´affirmer que l´écurie de Formule1 ne contestera pas, devant le Conseil mondial de l´automobile le 21 septembre, les allégations de tricherie lors du Grand Prix de Singapour en 2008. «L´écurie indique également que son directeur général, Flavio Briatore et son directeur exécutif de l´ingénierie Pat Symonds ont quitté l´écurie», a également indiqué Renault F1. Le départ précipité de ces deux personnes ainsi que la non-contestation des faits reprochés, traduisent le sentiment de culpabilité du constructeur et font office d´éléments qui risquent d´être à charge contre lui.
En dehors des circuits de Formule 1, Renault ferait également preuve d´un sens pratique quelque peu poussé, en recourant à quelques raccourcis sinon à la triche, notamment en matière de concurrence. Il en est ainsi en Algérie, où, selon bien des observateurs, la succursale au Losange n´hésite souvent pas à créer l´amalgame en communiquant ses chiffres de ventes qu´elle englobe sous l´intitulé Renault alors qu´elle est également détentrice de la marque Dacia.
Ce dopage des chiffres l´autorise souvent à glaner la première place du podium des ventes face, pourtant, à de sérieux concurrents. L´autre coup de bluff consenti aux Algériens et relevé par de nombreux spécialistes est la fallacieuse communication sur le rapport qualité-prix des véhicules. Les fiches techniques des véhicules fournies font souvent oublier l´essentiel au client novice. Ce dernier est embarqué par l´appât des promotions et sacrifie sur l´autel du prix bien des éléments importants pour son confort et sa sécurité à bord d´une voiture. La firme Renault a raté le coche de construire une usine en SKD sur le sol algérien, chose, rappelle-t-on, qui a été finalisée avec une facilité des plus déconcertantes au Maroc. Une très belle occasion de manquée pour le Losange qui aurait pu alors bénéficier de substantiels avantages accordés aux investisseurs et aux producteurs locaux.
Décidément, la firme française n´arrête pas de s´emmêler les pinceaux et sa situation globale n´est guère reluisante. Patrick Pélata, directeur général délégué du constructeur automobile dans une interview, a déclaré «Nous sommes dans une très bonne position du point de vue des liquidités. Mais pour avoir à nouveau un cash-flow positif en 2010, il va nous falloir faire des profits», déclare-t-il.
«Nous avons fortement réduit nos stocks, nos créances et nous ne pouvons pas les réduire autant de fois de suite. Du point de vue du compte d´exploitation, Renault n´est pas encore sorti de la crise aujourd´hui», a-t-il observé.