L'Expression

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SOUS LES FEUX DE LA RAMPE

Que reste-t-il du FLN des mythes fondateurs?

Pour beaucoup d’Algériens de ma génération, la débâcle du FLN, initiée depuis quelques mois, malgré l’article 120, a donné l’impression d’une chute de l’Algérie de Novembre.

Ce que l´on put retenir et sans être grand clerc, c´est que contre vents et marées le FLN mythique a pu résister pendant près de 50 ans avec ses bonnes et mauvaises choses, avec ses militants sincères et ses satrapes.
Il a fallu arriver à cette dernière année du cinquantenaire pour constater avec amertume la tentative d´implosion du FLN. Naturellement, il est hors de doute, que malgré toutes les attaques pendant la révolution et après l´indépendance, le FLN a su rester debout. L´observateur impartial ne peut s´empêcher de relever que quand il s´agit d´un adversaire externe, le FLN arrive à retrouver une cohésion qui lui permet de conjurer les périlleuses situations. Pendant toutes ces trente premières années, malgré l´accaparement du pouvoir, il faut reconnaître que sur les grands dossiers le FLN a pu, dans une certaine mesure, assurer une cohésion sociale qui, bon an mal an, a permis à ce pays d´asseoir un Etat.
A titre d´exemple, et pour ne citer que le plus important, à l´ombre du parti unique, le système éducatif algérien a pu se développer, certes dans sa dimension quantitative, mais il ne faut pas oublier que l´Algérie venait de sortir de la nuit coloniale qui a fait qu´en cent trente ans les performances du système éducatif pendant la période coloniale, s´élevaient à quelques centaines de médecins et d´avocats ainsi quelques dizaines d´instituteurs formés à dose homéopathique. La soif de savoir a fait que, naturellement, le pouvoir a fait feu de tout bois. Il n´est pas étonnant de ce fait, d´apprendre que 26 nations participaient chacune avec sa «méthode» et partant, avec son projet de société sous-jacent à l´éducation du jeune écolier algérien. A bien des égards, cette errance nous la devons au pouvoir colonial qui nous a laissé les germes de la division et à cette coopération réalisée sans discernement.

Seul coupable

Par ailleurs, comme on le sait, les premiers, «responsables» du FLN ont opéré dès 1962 pour domestiquer un appareil qui a permis, d´une façon ou d´une autre, une séparation des «pouvoirs», aux francisants (que l´on confond à dessein et à tort, avec le «Hazb frança», les tétanisant et les complexant) et les autres ceux qui, pour une raison ou une autre, ont été formés au Proche-Orient. De ce fait, cette division du travail, voire ce schisme continue de perdurer parce que même les bilingues (rares) sont classés dans le parti de la France.
Le FLN a donc été dirigé avec une discipline de type soviétique qui a fait que les rares voix discordantes ont été vite réduites au silence. Les années quatre-vingt ont vu une fermeture à tout ce qui pouvait remettre en cause les «acquis» et les «thaouabets» à travers, notamment le fameux article 120. Cependant, il faut bien convenir qu´au fil des ans, les militants de la première heure, pétris de nationalisme et nostalgiques d´une certaine générosité pour le pays, sont de moins en moins présents sur la scène politique. Au fil des ans, l´usure du pouvoir, le népotisme, l´absence de débat, a amené une démonétisation du mythique parti, qui est devenu synonyme de passe-droits, de hogra, de acabya... Cette déconsidération ajoutée à une gestion calamiteuse du pays, a amené les émeutes d´Octobre 1988 ; le FLN a été rendu, à tort, seul, coupable de tous les maux de l´Algérie.
Commence, alors, pour le vieux parti, une traversée du désert, mise à profit par de nouveaux partis, nous sommes arrivés à une soixantaine. Les rares partis, qui n´ont pas disparu, ont constaté, par le dur apprentissage qu´ils ont eu à faire, que ce n´est pas facile de convaincre l´Algérien - frondeur par excellence - un militant discipliné. A ce propos, et après décantation, on s´est aperçu que le FLN que l´on croyait mort, voire que l´on voulait mort, est toujours là. Il est remarquable, alors, malgré tout ce que l´on peut dire, que les racines de la base militante ont été vite réactivées, à telle enseigne que les élections suivantes aussi bien communales que législatives ont vu un retour en force du vieux parti. Qu´on le veuille ou non, le nom du secrétaire général doit être associé à cette renaissance.
Bien que nous ne soyons pas à même de donner un avis autorisé dans son ensemble, n´ayant pas tous les éléments de l´affaire du «redressement du FLN», Il est curieux de constater, cependant, le concert de louanges en mars 2003 quand monsieur le secrétaire général a été réélu. Le premier responsable du redressement actuel a été le premier à féliciter le secrétaire général du parti. Les desseins de la politique algérienne sont impénétrables...En tout état de cause, à l´instar des grands partis de l´Est ou de l´Ouest, le vieux parti du FLN est condamné à se moderniser, à avoir réellement un nouveau projet de société suffisamment attrayant capable à l´instar des fondateurs de ce parti d´être une alternative de sortie pour le pays. Il faut se souvenir que les fondateurs du mythique parti n´avaient pas la trentaine. Il faut que le parti redevienne un parti de militants capables de perpétuer le combat des aînés sous une autre forme. Il faut souhaiter que la mise au point ne soit pas celle des règlements de compte. Le parti a besoin d´Algériennes et Algériens capables d´apporter à la légitimité révolutionnaire qui doit être pour la jeunesse un phare, une légitimité complémentaire qui est celle du mérite, de l´effort et de la compétence.

Nécessaire mue

En tout état de cause, il serait regrettable que le FLN finisse d´une façon aussi dramatique. Le FLN n´appartient pas qu´aux militants, mais à toutes les Algériennes et les Algériens pour qui l´indépendance de l´Algérie est consubstantielle de ce parti et de son parcours pendant la glorieuse révolution de Novembre.
Pour que le parti du FLN reste à l´instar de ce qu´il était un parti d´avant-garde, il est nécessaire qu´il fasse sa mue. Devant la multitude des défis qui attendent le pays, le FLN ne doit pas rester le réceptacle de tous ceux qui ne peuvent rien lui apporter, en termes de projet de société en phase avec la réalité du monde mais qui sont par contre, par leur inertie, voire leur façon de faire, à même de l´enfoncer. L´idéologie a de moins en moins de prise sur les évènements planétaires.
Les jeunes l´ont bien compris et il est illusoire de croire que des leçons de morale à l´ancienne peuvent emporter l´adhésion de la jeunesse. Elle a besoin pour être convaincue d´une vision globale de société qui ne doit abdiquer aucune des composantes de sa personnalité. Il faut qu´on lui parle de ses repères identitaires, sans en faire un fonds de commerce. Il est nécessaire, aussi, dans un monde de plus en plus unipolaire, judéo-chrétien bien mis en exergue par Samuel Huntington dans son livre : The clash of civilisation : le choc des civilisations, de savoir «l´imprégner intelligemment» dans son environnement cultuel sans en faire une contrainte. Il faut enfin et par-dessus tout lui parler vrai.
A ce titre, j´ai eu à écrire dans plusieurs articles que les jeunes sont allergiques à la langue de bois. Ce serait une erreur de croire que les endormir par des émissions soporifiques telles que le sport, les émissions de variétés, nationales ou importées, généralement débilisantes en y ajoutant, le pouvoir dévastateur des chaînes occidentales qui déifie la civilisation du plaisir à son extrême, pourrait, on pense, à tort, qu´en faisant de la sorte, et à défaut de régler les problèmes réels de ce pays, on pourrait assurer la paix sociale, le temps d´une mandature. On se trompe. La crise étant multiple, il serait dangereux de différer ad vitam eternam la nécessité de mettre à plat les vrais problèmes.
A ce titre, le vénérable parti du FLN fort de son expérience, quoi qu´on dise est une réalité, doit trouver les voies et moyens de tourner le dos aux méthodes du «centralisme démocratique». Le débat est inévitable, la contradiction est nécessaire pour avancer. La seule façon de convaincre est avant tout de présenter une «carrière propre» qui n´est pas indexée sur les désirs des princes du moment, et surtout d´avoir un projet crédible qu´il faudra, naturellement expliciter pour le rendre attrayant et emporter ainsi l´adhésion de cette jeunesse qui doit être la priorité des priorités.

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