L'Expression

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ENTRETIEN AVEC YASMINA KHADRA (ÉCRIVAIN)

«C’est un roman qui ne ressemble pas aux autres»

Rencontre avec un écrivain atypique qui cherche à devenir «<I>respectable</I>», Mohamed Moulessehoul...

C´était mercredi dernier, au stand de la librairie du Tiers-Monde. Ce qui devait être une conférence-débat autour de son dernier roman, «Les Hirondelles de Kaboul», s´est transformée en séance de vente-dédicace. C´est au milieu d´une foule impatiente de voir ce célèbre auteur que nous avons pu arracher cet interview...

L´Expression: D´abord, pourquoi Kaboul?Yasmina Khadra: Ce choix de Kaboul n´a pas été arbitraire. Je voulais d´abord écrire un livre sur l´Allemagne. Mon éditeur n´a pas été content et sur le Mexique non plus. Quand j´ai proposé l´Afghanistan, il en a eu peur et c´est là où j´ai décidé d´écrire un livre sur l´Afghanistan pour établir une confiance définitive entre mon éditeur et moi. Mais c´est un livre qui ne ressemble pas aux autres. Il «circule» déjà en Afghanistan. M.Kouchner le recommande vivement à ceux qui veulent comprendre quelque chose à l´Afghanistan. Un pays où je n´ai jamais mis les pieds.

Un mot sur le contenu du roman.C´est une histoire d´amour dans un univers macabre fait de tyrannie et de situations dramatiques. C´est aussi une réponse à ce qui a été écrit sur l´Afghanistan par ceux qui ignorent l´Islam, je leur ai répondu en tant que musulman.

Et quelle a été votre réponse?Que ces gens-là (les Afghans) sont des gens normaux comme le reste du monde, qu´ils ont été victimes de problèmes qu´ils n´ont pas pu surmonter. C´est pour cette raison qu´ils ont perdu espoir.

Vous dites que vous apportez un message à certaines personnes en tant qu´homme musulman. Votre roman s´adresse-t-il à un lectorat précis?Non. Mon roman n´est pas ciblé. Il est destiné à tous mes lecteurs à travers le monde. C´est le regard d´un musulman sur ce qui se passe en Afghanistan parce qu´on a laissé un peu l´espace à des interventions superficielles. Je ne dirais pas que les gens de l´Occident ne sont pas honnêtes, mais peut-être que beaucoup de choses leur échappent et moi, je contribue un peu à mieux expliquer la situation en Afghanistan en tant que musulman...

Ce n´est pas difficile de l´expliquer du moment que vous n´y êtes pas allé...Je n´ai pas besoin d´y aller. Je suis romancier, j´ai écrit un livre sur les condamnés à mort, on a cru que c´était un récit. Un écrivain, c´est justement ça. Ce n´est pas un témoin, c´est quelqu´un qui a une projection assez spécifique qui ne ressemble pas à n´importe quelle approche. Je suis très content d´apprendre que ce livre a été très bien reçu en Afghanistan. J´ai eu l´immense plaisir de rencontrer l´ambassadeur afghan en Belgique qui était vraiment très enthousiaste.

Yasmina Khadra, comment définissez-vous votre acte d´écrire?Comme la confirmation de ma vocation. J´ai toujours aimé la littérature. J´ai toujours voulu écrire comme les grands écrivains. J´essaye d´être, un jour peut-être, un écrivain respectable, ce que je ne suis pas encore...

La littérature que vous pratiquez s´inscrit dans la lutte contre l´intolérance.Pour moi, la littérature se doit d´être contre l´incompréhension et l´animalité. Les gens éclairés ont beaucoup plus de chances de bien négocier leur vie que les abrutis et les incultes. Donc, ce livre participe, peut-être, à rapprocher les peuples et non pas à les dresser les uns contre les autres. Ce que j´écris n´est même pas un combat, c´est un espoir.

Etes-vous vraiment redevable à la langue française comme vous l´a demandé PPDA mardi dernier dans son émission Vol de nuit?Oui. Absolument ! Parce que la langue est un instrument de connaissance et cette langue m´a permis d´aller le plus loin possible dans ma recherche, dans ma quête de l´homme, donc je ne vois pas pourquoi je ne lui serais pas redevable. Je suis un homme fidèle. Je considère l´ingratitude comme le péché le plus abominable. Il n´y a rien au-dessus de l´ingratitude et ne pas être reconnaissant envers une langue qui m´a tout appris, tout simplement parce que j´ai quelques problèmes avec quelques personnes, moi, je trouve cela effarant et je ne tomberai jamais dans cette mesquinerie, je préfère dire merci à tous ceux qui m´ont aidé. Qu´ils soient Français ou extra-terrestres!

Votre roman a été acheté par plusieurs pays avant sa sortie en librairie.En effet, il a été acheté par les Etats-Unis, la Hollande, l´Allemagne, la Grande-Bretagne et l´Algérie, bien sûr, ce qui m´honore le plus.

De Quoi j'me Mêle

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