FARID IGHILAHRIZ, DIRECTEUR DE L’OFFICE DU PARC NATIONAL DE L’AHAGGAR
«Faire de ce parc un haut lieu du tourisme»
La capitale de l´Ahaggar, Tamanrasset, a été pendant une semaine le centre d´attraction culturelle de l´Algérie, voire même du nord du Mali et du Niger, une destination privilégiée des amoureux du Grand Désert en abritant la 2e édition du Festival international des arts de l´Ahaggar. C´est tout simplement un rêve qui devient une réalité depuis l´aventure tentée par le directeur de l´Office du parc national de l´Ahagar, Farid Ighilahriz, de lancer l´idée de faire un Festival international des arts de l´Ahaggar dans le but de sauvegarder le patrimoine immatériel du Sahara, en général, et des Touareg en particulier. Après une 2e édition amplement réussie à l´instar de la première, nous avons contacté le commissaire dudit festival qui n´est autre que le même directeur de l´Opna qui a bien voulu répondre modestement à nos questions.
L´Expression: Pour commencer, peut-on connaître vos impressions sur le déroulement de la 2e édition?
Farid Ighilahriz: Dans l´ensemble c´est un festival de haute facture sur tous les plans, participation record des festivaliers, conférences-débats scientifiques de haut niveau, des ateliers de formation à la hauteur des attentes et des soirées musicales à la limite des grands spectacles forts en couleur et en sonorité.
Quel bilan faite-vous de la 2e édition d´une manière générale et comparativement à la 1re édition?
En attendant de faire un bilan moral et financier de la 2e édition écrit et chiffré, je dirais d´emblée, qu´il est plus que positif en tenant compte de nos attentes. En effet, mon équipe et moi, nous avons été agréablement surpris de l´engouement qui a marqué cette 2e édition. Nous avons tenu en haleine toute une ville pendant une semaine d´affilée en matière de soirées animées et des conférences-débats tenues et autres ateliers de dessins, mangas, cinéma, arts plastiques et autres photographies entre autres. Nous avons été, par exemple, flatté par la participation record des enfants de Tamanrasset dans les deux ateliers dessins et mangas qui ont enregistré plus de 700 dessins encadrés par les formateurs pendant trois jours. Sinon, par rapport à la première, sans réduire de sa portée et de sa réussite, je dirais que c´est complémentaire avec l´expérience acquise. Bien évidemment, fort de notre expérience lors de la 1re édition la 2e ne peut être que meilleure grâce à l´abnégation de toute l´équipe, des autorités locales et nationales.
Quels sont les enseignements tirés de cette 2e édition?
Ce festival, d´une manière générale, a montré toute la soif d´apprendre, de savoir sur l´identité, le patrimoine et la culture en général. Les participants et les festivaliers en particulier ont été très attentifs à l´histoire de notre riche patrimoine matériel et immatériel. L´engouement dans ce sens a été fort remarquable. Je dirais, d´une manière globale que nous sommes sur la bonne voie tracée dans la finalité et la sauvegarde et l´enrichissement du patrimoine dont nous disposons. Ça nous a permis aussi de cibler d´autres thèmes, d´une manière approfondie pour les prochaines éditions.
L´Opna dispose d´un musée fort remarquable, est-ce qu´il est exploité sur le plan touristique?
Bien évidemment! Ce musée, que nous avons réalisé, est ouvert plus exactement depuis décembre 2009 et connaît un mouvement important. C´est un musée dédié au patrimoine du Sahara. Cela permet au moins de se faire une idée plus ou moins précise sur les richesses d´un Parc national qui approche les 500.000 km², et dont le patrimoine, autant naturel que culturel, remonte parfois à plus de 3 milliards d´années, soit depuis le commencement de l´histoire de l´humanité. Il est ouvert à toutes les agences de voyages travaillant dans le domaine touristique et aussi aux institutions de l´éducation, de l´université et de la formation, notamment.
Il y a un projet d´un autre musée de dimension nationale dont l´infrastructure a été réalisée sur la route de l´Assekrem. Une étude d´aménagement est en cours d´exécution pour cette structure. Il sera un musée thématique et didactique avec une scénographie particulière qui permettra une bonne accessibilité des informations au grand public.
Concrètement, quel impact votre festival a-t-il au plan socioculturel et économique pour la wilaya?
En l´absence de mesure et d´indice macroéconomique, je ne pourrais parler sur l´impact économique sans toutefois omettre l´apport des festivals qui se tiennent à Tam dans l´activité économique, commerce, hôtellerie, et tourisme. Sinon on ne peut nier ni réduire l´impact que le festival a sur le plan socioculturel. En matière de tourisme culturel, l´impact est considérable, sans aucune exagération, mais nous ne sommes qu´au début de ses activités. Je pense, qu´à l´avenir, les choses vont s´organiser d´elles-mêmes et tout le monde trouvera son compte.
Qu´en est-il de l´idée du tourisme scientifique abordé lors de la conférence sur l´astronomie intitulée «Ciel, univers de l´humanité»?
C´est une idée qui s´inscrit dans la ligne de mire de nos objectifs de faire du Parc national de l´Ahaggar, un lieu de pratique du tourisme culturel et scientifique. L´idée a germé justement, mais elle reste au stade de réflexion pour plus de maturation afin de projeter quelque chose de réalisable. Je m´explique: le tourisme scientifique consiste en l´exploitation du ciel de Tam dont le point le plus élevé culmine à 1400 m d´altitude avec un ciel clair et dégagé tout au long de l´année. En Europe, on fait presque 17 heures de vol pour atteindre le Sahara du Chili et autres afin de disposer d´un ciel pas mieux que le nôtre. Alors, pourquoi ne pas penser à cette idée de créer un observatoire scientifique et un centre de recherche.