CHRISTINA BRANCO À IBN ZEYDOUN
Le souffle nouveau du fado
Elle est belle, sensuelle et gracieuse. Sa voix parle à l´âme autant que sa musique au coeur.
Cette jeune chanteuse portugaise a enflammé le public venu nombreux l´acclamer mercredi dernier à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth. Une soirée à part, placée toujours dans le cadre du mois culturel européen. Vêtue d´une robe de soirée couleur prune, Christina Branco est accompagnée par trois musiciens. L´un à la guitare portugaise, l´autre à la guitare acoustique et le troisième à la guitare basse. La salle est archicomble. La chanteuse invitera le public à voyager au monde du fado. A chaque fin de morceau qu´on écoute religieusement, des applaudissement nourris déchirent le silence, pour partir de nouveau vers la rêverie que procurent les chansons de Christina Branco. Celle-ci déroule plusieurs poèmes. La main sur le ventre et l´autre sur le micro, les yeux mi-clos, l´interprète du fado «foule» des tensions qui lui sont intimes, personnelles... Elle chante Lisbonne, l´histoire d´un marin... Des ballades romantiques ou mélancoliques. Et puis un poème sur la tristesse de la musique. «C´est vrai que le fado est parfois triste mais ce n´est pas vrai que les Portugais sont des gens tristes». Et de faire référence à la mythologie grecque avant de partir belle, rayonnante et majestueuse comme elle est venue, sous un tonnerre d´applaudissements, les bras chargés de fleurs. Chaque album de Christina Branco contient, de manière plus ou moins consciente, l´embryon de ce que sera ce qui suit : Sensus, le disque précédent de la chanteuse portugaise, de la même veine érotique qui avait affleuré dans un thème de l´opus, antérieur, Corpo Iluminado. Ulysse, son nouvel album, évoque selon le nom de cette figure mythique, le voyage, l´aventure, la divagation, l´amour, le départ, le retour. Le mythe d´Ulysse aurait pu naître, dit-on, de la saudade portugaise, cette nostalgie fataliste, marque de l´attente, si liée à la mer et aux incertitudes qu´elle génère. «Le fado est de la musique et «Ulysse» est mon fado. Ce que je fais ne peut être étiqueté. C´est ma musique. Pour le moment, c´est comme cela que je l´appelle. Ce serait évidemment plus simple de miser sur le succès de thèmes interprétés auparavant par d´autres voix. Je préfère créer une nouvelle vie pour cette vieille chanson. Le jour où j´ai commencé à chanter j´ai compris que je devais toujours suivre mon propre chemin. Il n´y a que comme cela que je peux être franche, authentique. Je n´ai pas peur de m´aventurer. Je suis fidèle à mon instinct, à mes choix (...) Ma musique est le miroir de ma vie, de tout ce qui m´entoure, elle a peu à voir avec ce que l´on associe traditionnellement au fado: nostalgie, blessure, désamour», confie Christina Branco.