«ARROUS EDHALAM» AU TNA
Pour contre quémandeur
Malgré son contenu assez intéressant, la pièce pêche par le manque de maîtrise scénique...
Au milieu de la pénombre, la pièce s´ouvre sur cette femme avec une valise à la main. Elle vient de quitter sa demeure au milieu de la nuit. Pourquoi? Où va-t-elle? On ne le saura jamais. Elle se retrouve donc dans un décor de rue, un lampadaire, un semblant de voiture et l´ascenseur de son immeuble. Ne voyant rien dans le noir, elle tombe nez à nez avec un étrange personnage. Les ennuis commencent. Le cauchemar se met en place. Sombre et maléfique, cet homme brutalise et terrorise cette pauvre femme. Il l´empêche de suivre sa route.
«Je suis un commerçant et toi tu es le consommateur», ne cesse-t-il de marteler tout au long de la pièce. Surgit un troisième personnage qui prétend être «un homme de loi, une personnalité étatique». Ce dernier est aussi brutalisé par le personnage saugrenu qui affirme être un homme d´honneur. «Je vends le plaisir», dit-il béat à l´homme au burnous. Il est tout aussi étonné de retrouver une femme dans la rue au milieu de la nuit. Il lui sort la fameuse tirade que tout le monde connaît : «La ort de chez elle trois fois»...une tirade très prisée au demeurant par certains esprit obscurs...
«Le client est toujours roi. C´est la loi du marché», déclame le funeste personnage. Ce dernier représente la basse classe tandis que le second, la haute classe. Au-delà du télescopage de certaines scènes, cette pièce ne parvient pas à donner le meilleur d´elle-même. Bref, elle ne va pas jusqu´au bout de ses ambitions, pêche par trop de gesticulations inutiles.
La problématique de la pièce part du principe que c´est « le donnant-donnant qui prévaut aujourd´hui. La vie est une transaction continue entre des pour s (commerçants) et des consommateurs (quémandeurs). Une simple affaire commerciale qui se passe des sentiments comme l´amour, la générosité, l´humanisme ou le pardon. Sinon l´on devient la victime. Cette pièce dénonce également l´inégalité des couches sociales et la cupidité des hommes. «le choix de l´adaptation de cette oeuvre qui définit d´une manière physique et chimique les règles de la vie moderne instituée par le nouvel ordre mondial, à savoir que toute relation humaine est avant tout une opération commerciale entre le vendeur et l´acheteur ou le producteur et le consommateur, faisant du premier un fort et du second un soumis, avec abstraction de toute subjectivité et de toute émotion humaine, oubliant que la vie se donne par un acte d´amour et se termine par un chagrin d´amour, ou un cri de détresse. Et comme la femme est la source de toutes ces vibrations humaines, j´ai pensé l´intégrer pour catalyser les problèmes de l´homme qui ne cherche qu´à détruire son semblable», explique le metteur en scène de la pièce, Mohamed Laïd Kabouche. Ecrite par Hamid Gouri (Aïssa Story), qui est l´homme de loi dans Arrous Edhalam, campé par une jeune et talentueuse comédienne qui fait ses premiers pas dans le théâtre, Zouainia Hassiba. Memiche Tewfik est quant à lui, l´être qui prétend au pouvoir et à la puissance par le fait qu´il fait commerce de tout, tout ce qui relève de la puissance humaine...Memiche Tewfik s´est distingué très jeune en interprétant magistralement le monologue de Hafila Tassir reprise par feu Azzedine Medjoubi. Il eut de sérieux metteurs en scène qui ont peaufiné sa carrière à l´instar de feu Sirat Boumediène. Présentée lundi soir au TNA, cette pièce a été réalisée en partenariat avec le théâtre Azzedine-Medjoubi de Annaba et la compagnie Vanessa Studio théâtre, qui a pour but de former et d´élever le niveau intellectuel des comédiens. Sa dernière représentation est pour ce soir. Assez courte, cette pièce pêche par un manque de maîtrise de l´espace scénique.
Enfin, elle est peu convaincante. Les comédiens se noient dans un espace qu´ils tentent de combler en vain !