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FESTIVAL DU FILM AMAZIGH

Poussières d’étoile et graines de stars

Pour un festival ambitieux, il est impératif de s’investir dans la perpétuation en adoptant la saine démarche de l’éclatement et de la formation.

Le Festival culturel national annuel du film amazigh (Fcnafa), comme l´illustre le nom d´une firme de cinéma, Dream Works, (travail de rêve), en est au stade de prolonger l´utopie vers les branchages d´une forêt dense, les rameaux vivaces d´une jeunesse exubérante d´intelligence: les petits montagnards! En effet, un groupe de jeunes collégiens de Yattafen, des villages d´Aït Saâda, d´Aït Daoud et du petit hameau de Tazaghart, risque de figurer dans la liste future des grands noms du cinéma pour cause de contagion en bas âge. Quand les plus grands patronymes de la scène mondiale disent avoir étés touchés qui, par une image, qui par une furtive rencontre, qui par un simple commentaire, que dirait-on de nos semailles et que raconteront-elles?
Nos emblavures semblables aux graines sélectionnées, (aâqa u belyun ou el gamh el belyuni en arabe dialectal) furent et demeurent l´objet d´une attention particulière. Un programme riche en rencontres, en enseignements, en couleurs et en amitié leur fut réservé et qui ne peut présager que de fabuleuses moissons!
Chaque graine a un nom: Thin Hinan, Samy, Ramzi, Mohand Akli, Ghilès, Boubekeur, Zelgoum, Benda, Yodas, Tdya, Madjid...
Chaque graine a un destin, un champ à fertiliser pour qu´aâqa u belyum survive, prospère et se régénère dans ce monde de brutes.
Cette activité parmi tant d´autres n´a pas eu sa part légitime de lumière malgré son importance et ce n´est que justice d´en faire l´éloge afin que l´effort soutenu ne soit pas altéré par une reconnaissance nonchalante pour les travailleurs de l´ombre.
Le plan de charge du Fcnafa mentionne l´activité comme étant primordiale, il s´agit de créer un esprit de suivi et de continuité des activités éducatives du festival. Un échange pédagogique, encadré par des formateurs rompus aux procédés techniques et autres secrets du cinéma, est ainsi instauré pour garantir la continuité et l´efficacité. Des partenaires étrangers, à l´exemple du Festival du jeune public, en Auvergne, qui a permis le contact avec un autre groupe d´enfants qui veulent bien partager leur amour du cinéma et leurs rêves. Une première visioconférence entre nos petits montagnards a eu lieu le vendredi 11 juin 2010 au CEM de Yattafen et c´est M.Iften, directeur du collège d´Aït Sâada et Hamza Ould Mohand qui en assurèrent la technique.
Emerveillés, les chérubins reconnurent Ludovic Chavarot, un de leurs formateurs, puis un dialogue s´installa plein d´émotion et d´enseignements. Le vocabulaire utilisé lors de l´échange indique la solide formation des élèves durant leur court, mais fructueux, stage au Festival du film amazigh tenu à Tizi Ouzou du 15 au 20 mars écoulé. Le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand participe à l´opération grâce, notamment à Philippe Saljak, un pédagogue du cinéma faisant partie des encadreurs, un des travailleurs de l´ombre.
Un stage sanctionné par un diplôme remis le 21 mai 2010 lors d´une excursion, belle comme les beaux voyages initiatiques de l´humanité, à la Maison de la culture Ali-Zamoum de Bouira, lors d´une cérémonie présidée par le wali et les autorités locales et en présence du staff du festival.
Un vendredi, aux aurores, s´ébranla un autocar gracieusement mis à leur disposition par le président de l´APC de Souk El Had, M. Abdelkader Aït Ali, et entama un chemin serpenté comme le fil accroché aux talons de Thésée. Le chemin est difficile. Des virages, des éboulements, des gravats et des rétrécissements exigent du conducteur une maîtrise parfaite du majestueux mastodonte, transportant des poussières d´étoile: il y avait dans ce bus une belle sélection du fameux grain d´Abelyun et Egée, personnifiés par les parents, M. le maire et M. le directeur. Il n´eut pas pour cette fois et pour toutes les autres fois inchallah à se jeter d´une falaise. Un pique-nique agrémenté d´un déjeuner frugal, mais néanmoins appétissant, permit de découvrir des lieux offrant à la vue une symphonie de paysages heureusement fixés sur pellicule par la photographe du festival, Mlle Hiziya Yatta.
Une rencontre avec le chanteur Si Moh qui, en admirant «la Main du juif», était en train de s´inspirer, acheva d´émerveiller les jeunes voyageurs qui découvrent que réellement, les voyages forment la jeunesse. Arrivés en début d´après-midi à Bouira, les enfants s´enquirent d´abord de leurs encadreurs, MM.Hamza Ould Mohand et Youcef Radji, de leur nouvelle idole, Belaïd Tagrawla, de Khadra et de leur ami père et éducateur, le commissaire du festival, M. Si El Hachemi Assad. L´occasion de revoir Dihya le court métrage primé lors de la 10e édition du Film amazigh à Tizi Ouzou, et de se laisser emporter par son flot d´émotions.
A la fin de la projection, les débats firent découvrir de véritables cinéphiles dans l´honorable assistance, et c´est toujours un plaisir de savoir que la culture est à sa place, dans sa maison. C´est aussi l´occasion pour M. Si El Hachemi Assad d´installer officiellement et en présence de M. le wali, le premier ciné-club de la Maison de la culture de Bouira.
Il est à rappeler que cette structure est composée pour le moment de trois stagiaires ayant bénéficié de la dernière session des animateurs de ciné-club, initiée par le Fcnafa, en mars 2009.
Des rêveurs, d´une espèce rare, car agissante, feraient l´impossible pour que la flamme ne s´éteigne jamais, en transmettant l´étincelle d´intelligence, de l´amour du beau, de l´art. Des rêveurs qui savent, il en faut, d´abord pour se rendre compte de l´immense potentiel inexploité et de l´hémorragie mortelle, puis d´intervenir. Le Fcnafa, fidèle à son adroite stratégie de démocratisation du cinéma, vient d´engager un processus que les historiens futurs qualifieront de «sceau magistral» dans le monde des arts. Le Festival du film amazigh vient d´entrer dans l´âge de raison en adoptant une ribambelle d´enfants. Avoir un enfant ça vous change un homme, car c´est à sa venue que l´heureux bipède entre dans le monde, le vrai monde, celui où on ne vit plus pour soi, mais pour autrui. Un univers généreux, en expansion vers d´autres âges à vivre, d´autres temps à faire vibrer: le futur.

(*) Enseignant

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