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Résilience inachevée de Saïd Ourrad

Premier roman d’un écrivain-psychiatre

L’envie d’écrire ne l’a jamais, réellement, quitté. Saïd Ourrad s’est alors promis d’écrire un roman…

Saïd Ourrad est un psychiatre et écrivain âgé de 54 ans. Il est originaire du village Tala-Gahia dans la commune de Ouaguenoun (Tizi Ouzou).
L'écriture a été, depuis sa tendre jeunesse, une passion pour lui, depuis qu'il était étudiant en médecine à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, dans les années quatre-vingt-dix. Il avait, d'ailleurs, fait un passage en tant que rédacteur au Soir d'Algérie. En même temps, à l'époque, il avait exercé au Centre hospitalo-universitaire Nedir-Mohamed, mais juste pendant une année, avant d'aller s'installer en France en 2001.
Une fois en France, il lui a fallu tout un parcours du combattant pour enfin devenir spécialiste en psychiatrie et en addictologie.
Sa passion pour l'écriture le poursuivait constamment et partout. Il signait alors des chroniques, des articles et des analyses, de temps à autre, comme pour garder la main. Car l'idée d'écrire un roman, née il y a très longtemps, n'a jamais quitté son esprit. Il en rêvait sans cesse. En 2010, Saïd Ourrad s'est installé à Montargis (120 km au sud de Paris). «J'ai exercé d'abord en milieu hospitalier et depuis 2014, j'exerce, essentiellement, à mon cabinet de la ville, je garde, néanmoins, une petite activité hospitalière et une autre activité dans un centre pour toxicomanes (Csapa.)», nous confie l'écrivain-psychiatre Saïd Ourrad tout en rappelant: «Pour l'écriture, j'ai toujours écrit des chroniques, de petits textes, souvent pour exprimer une idée, un avis, que je publiais sur Facebook». Qu'en-est-il de l'idée d'écrire ce premier roman? «En 2007, j'ai fait une tentative pour écrire un roman, que j'ai rapidement rangé au fin fond de mes tiroirs, persuadé qu'il était nul», nous dit-il en toute modestie. Malgré cela, l'envie d'écrire ne l'a jamais réellement quitté.
Saïd Ourrad s'est alors promis d'écrire un roman dès que ses conditions sociales et professionnelles allaient le lui permettre. «Entre-temps, j'ai continué à publier plusieurs chroniques sur Facebook, avec de bons retours, ce qui m'a encouragé à persévérer sur sa voie», enchaîne encore notre interlocuteur. L'idée de ce roman a fini par germer, enfin, en 2019. Saïd Ourrad nous raconte cette expérience: «J'ai publié une description d'une petite adolescente, apeurée et craintive, adossée au portillon de sa maison. Un cousin a écrit un commentaire encourageant et je suis parti de l'idée autour de cette adolescente malheureuse pour construire un récit autour. Quelques mois après, ça a donné un manuscrit, que j'ai travaillé plusieurs fois.». «Résilience inachevée», premier roman de Saïd Ourrad vient d'être publié aux éditions «La pensée» de Tizi Ouzou.
La trame de ce roman envoûtant tourne autour du voyage initiatique d'un personnage féminin prénommée Céline. Cette dernière est une cinéaste qui réalise son premier film, en grande partie autobiographique.
Le film rencontre un grand succès dès sa sortie en salles.
Le récit fictif s'ouvre sur la veille de la projection de son film, en avant-première où le lecteur découvre une Céline tourmentée. Tout le long du roman, l'auteur alterne,inlassablement, des passages de sa vie réelle et des scènes de son film, dans lequel on découvre progressivement son parcours de vie, de l'enfance à l'adolescence et jusqu'à l'âge adulte.
Notre interlocuteur nous précise que son roman joue sur les deux tableaux: fiction et réalité. «On comprendra vite que Céline a été victime d'un viol, avec toutes les conséquences psychiques inhérentes», nous confie encore Saïd Ourrad: au fur et à mesure que le film de Céline est projeté dans plusieurs salles (plusieurs séances d'avant-premières à travers tout le pays), le succès grandissant et l'allégresse du début, cèdent,progressivement, place à un sentiment d'insatisfaction et d'injustice, puis la colère prend le dessus pour devenir obsessionnelle envers son violeur. Céline, ira-t-elle jusqu'à se faire justice elle-même? Dans son film, le violeur a été lourdement condamné par les tribunaux (fiction) et mis en prison, mais dans la réalité (sa vraie vie), le violeur court toujours. Parallèlement à cette histoire bouleversante, Céline rencontre Ghilas, un Kabyle, qu'elle a perdu de vue depuis quelques années. Ghilas était son mentor, son ami, son confident et aussi son amoureux. Mais cet amour n'a jamais pu se matérialiser car Céline ne rejette pas Ghilas, mais refuse tout rapprochement physique. Tout comme Céline, Ghilas est un cinéaste qui s'est fait une place dans ce milieu très fermé du 7ème art. Lui aussi porte en lui un traumatisme hérité de la décennie noire des années 90 à Alger. Son père, journaliste, fut assassiné et Ghilas, à peine sorti de l'adolescence, avait pris le chemin de l'exil. Comme Céline, lui aussi, pour fuir sa propre réalité, il s'est investi dans le monde du, cinéma. Et, au moment où Céline vit une crise existentielle, en rejetant son film comme une parturiente qui rejette son enfant car celui-ci est différent de l'enfant fantasmé, elle retrouve Ghilas.
Une bouffée d'oxygène dans ce chaos. Puis, tout semble s'accélérer, son projet de se faire justice devient imminent. Alors qu'elle a retrouvé où réside Robert, son violeur, elle décide d'aller le voir sans savoir ce qu'il allait se passer une fois devant lui. La suite est à découvrir dans ce roman émouvant, très bien écrit et plein de rebondissements.
Le roman de Saïd Ourrad est le genre de récits dont on ne peut plus se détacher une fois arrivé à la dixième page. Sans doute, l'expérience de psychiatre de l'auteur a été pour beaucoup dans l'écriture de ce livre où l'on retrouve à la fois le génie littéraire de Saïd Ourrad et l'expérience professionnelle dans le domaine psychologique de ce dernier. 

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