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LA CASBAH ENTRETIEN AVEC H. BOUHIRED

Un patrimoine mémoriel

La Casbah est aujourd’hui au coeur du débat et de tous ceux qui veulent protéger ce qu’il en reste

La sénatrice Houria Bouhired fait partie de ces personnes acharnées à la défense du patrimoine historique de la Casbah. Présidente de l´association «Sauvons la Casbah», elle ne recule devant aucun effort pour faire comprendre le danger qui guette aujourd´hui l´une des médinas les plus spécifiques d´Algérie. Le site de la Casbah, rappelle-t-on, a été classé «patrimoine universel» par l´Unesco en 1992. Cependant cette classification ne semble pas avoir eu des suites dans la mesure où rien n´a été entrepris tant pour la restauration des vieilles bâtisses que pour la sauvegarde des vestiges aujourd´hui menacés de disparition. Dans cet entretien, Mme Bouhired crie son désarroi vis-à-vis de ce site, du laisser-aller de quelques responsables chargés du dossier Casbah. Elle nous parle également du devenir du projet de sauvegarde...

L´Expression: Qu´est devenu le plan de sauvegarde et de réhabilitation de la Casbah?H.Bouhired: Depuis que je suis élue du peuple au Parlement, les choses avancent un peu mieux qu´avant. La parole d´une association par rapport à celle d´un élu du peuple c´est quand même différent. Il y a des choses qui se préparent actuellement, notamment le projet des autorités locales en faveur des propriétaires de bâtisses dans La Casbah pour récupérer ces biens en vue de les restaurer.

Justement parlez-nous du problème du relogement des habitants de La Casbah?Ces histoires de relogement ont, en réalité, constitué un véritable fonds de commerce pour ceux habitant La Casbah d´Alger et elles devraient cesser. Cependant, avec la nouvelle formule qui a été mise en place par la wilaya, cela va permettre aux propriétaires de récupérer leur maison, à condition qu´ils disposent d´un permis de construire. A ce moment-là, on les relogera. Malheureusement, il y a des citoyens qui continuent à penser que, habiter La Casbah, c´est une manière d´obtenir un logement donc les gens ont tendance à occuper des bâtisses qui menacent ruine.

Où en êtes-vous avec le texte d´application pour la réhabilitation du site?La loi 98-04 est une loi qui protège le patrimoine. Comment se fait-il que de 1998 à nos jours il n´y ait pas eu de texte d´application. On aurait pu, durant cette période , créer un office qui gère tous les problèmes de la Casbah. Aujourd´hui les responsables se contentent de se rejeter la balle.

A qui incombe la responsabilité de ce laisser-aller?C´est dû, peut-être, au laxisme au niveau de l´Exécutif. Le gouvernement doit assumer ses responsabilités. Lorsqu´on fait des textes de loi, il faut absolument les respecter, on peut tarder un mois, mais attendre de cinq à dix ans pour élaborer un texte d´application, la loi est alors caduque.

Avez-vous posé le problème au ministère de la Communication et de la Culture?Je suis plutôt optimiste pour ce qui est de ce volet. Récemment, le 23 du mois dernier, Mme Khalida Toumi, ministre de la Communication et de la Culture a déclaré qu´il y a près de 30 textes qui seront prêts d´ici à la fin du mois. Lors de notre rencontre je lui ai demandé comment il se faisait qu´on donne si peu de moyens au ministère de la Culture, alors que nous disposons d´un patrimoine très riche pouvant rapporter gros en termes touristiques. Elle m´a répondu: «Il n´y a pas de demande formulée». De notre côté nous nous sommes vu contraints de «taper» sur le ministère des Finances, mais apparemment la demande ne s´est pas exprimée réellement, ce qui veut dire qu´au niveau du ministère de la Culture, le patrimoine n´est pas la priorité des priorités et...c´est grave. Cependant, je suis d´accord que le patrimoine ce sont le livre, la chanson, le théâtre et le cinéma. Mais il ne faut pas oublier cette partie de la culture qui peut rapporter beaucoup au pays, du point de vue touristique, exemple: la Médina de Fès avec les devises qu´elle fait rentrer au Maroc. C´est quelque chose d´incroyable. Maintenant, au plan économique et celui du développement local...tout est là, au niveau de La Casbah pour intéresser les jeunes et commencer à développer cette forme de tourisme. Cela dit, si nous ne réagissons pas tout de suite, La Casbah sera déclassée et aura ainsi moins de valeur.

Comment peut-on déclasser un site qui, jadis, a été classé patrimoine universel?On peut condamner notre pays pour le non-respect des engagements pris à travers les conventions signées avec l´Unesco. Il s´agit de la convention de l´Unesco sur le patrimoine à laquelle adhèrent près de 127 pays y compris l´Algérie.

Que doit faire l´Etat dans ce cas?Je le dis et je le répète publiquement, il faut que l´Etat assume ses responsabilités historiques, économiques et sociales vis-à-vis de La Casbah et de tout le patrimoine civilisationnel qui existe en Algérie. Comment voulez-vous que demain, vous, la nouvelle génération, appréciez un passé sans faits historiques (vestiges, livres, mémoires, etc.) pour en attester. Ce serait réduire ce passé aux dimensions d´une histoire. Une histoire, ce sera toujours de l´imaginaire. Pour moi, laisser à l´abandon ce patrimoine, cela peut être un crime contre l´humanité et contre la mémoire du peuple algérien. On a toujours tendance à critiquer les gens de la Défense, quoi qu´on dise d´eux, lorsqu´il s´agit de patrimoine on le respecte et le protège. Regardez l´Amirauté, comment elle est entretenue. Aujourd´hui, Dar El-Sultan et la Citadelle, si l´on n´arrive pas à les réhabiliter, dans ce cas il vaut mieux les céder au ministère de la Défense. Ils en feront un musée pour qu´il reste au moins un témoignage. Certes, les autorités ont choisi des personnes pour se charger du dossier Casbah, mais malheureusement, ces dernières l´ont mal géré. Le plus grand massacre que nous ayons vécu c´est sous le Gouvernorat d´Alger.

Qui se chargera de la reconstruction de La Casbah?Actuellement nous n´avons pas de compétences pour la réhabilitation du site. Moi, j´ai une formation de l´Unesco et c´est grâce à celle-ci que je suis devenue experte. Ce qui m´a conduit à former près de 200 jeunes au niveau de l´association. Mais cela ne suffit pas. Et là, il faut attirer l´attention du ministère de la Formation professionnelle pour que, à travers le territoire national, il y ait la même école que nous créerons à La Casbah.

Ne pensez-vous pas que la formation de ces jeunes prendra énormément de temps?L´école sera opérationnelle d´ici à la rentrée prochaine. Il y a des volontés venues de l´étranger prêtes à nous aider pour l´encadrement des jeunes. Personnellement, j´ai été contactée par la Jet set de Monaco qui nous a proposé une aide.

Un dernier mot?Il faut qu´il y ait immédiatement un texte d´application qui nous permette de créer cet office qui va s´occuper de La Casbah. L´Etat doit allouer un budget de fonctionnement à cet office qui va coordonner toutes les actions. C´est tout le monde qui sera mobilisé. Il y aura la société civile et la représentation de tous les ministères pour qu´il y ait une intervention rapide et efficace. L´Etat doit exprimer une volonté politique réelle de vouloir sauvegarder cette mémoire du peuple algérien.

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